Enseignement supérieur

Bibliothèque universitaire : les 4 axes stratégiques (et numériques) du ministère

Bibilothèque Sainte-Geneviève

Bibliothèque universitaire : les 4 axes stratégiques (et numériques) du ministère

Le ministère de l’Enseignement supérieur a répondu aux recommandations de la Cour des Comptes formulées cet été.  Formation des conservateurs, organisation des biblothèques universitaires franciliennes... Quatre points à retenir, tous traversés par le sujet du numérique.

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Par Fanny Guyomard
Créé le 27.10.2021 à 23h49

Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri), a répondu aux recommandations exprimées par la Cour des comptes sur la politique documentaire des bibliothèques universitaires. Ce 27 octobre, l’Association française des directeurs et personnels de direction des bibliothèques universitaires et de la documentation (ADBU) salue un certain nombre de réflexions et d’actions à venir.

1) Créer un opérateur unique 

La Cour des Comptes recommandait de créer un opérateur de l’Etat qui coordonnerait tous les acteurs de l’écosystème de l’information et de la documentation scientifiques. Idée rejetée par le ministère. « Les expériences passées ont montré que, lorsqu'est imposé un opérateur unique, les initiatives innovantes se construisent à l’extérieur ; ce fut le cas avec l’INIST-CNRS et la création du Centre pour la communication scientifique directe (CCSD) ou d’OpenEdition. » De toute manière, il existe déjà une instance coordinatrice : le Comité pour la Science Ouverte (CoSo).

En revanche, la ministre est favorable à une instance qui chapeauterait les bibliothèques interuniversitaires d’Ile-de-France, dont l’organisation est jugée « obsolète ». Seraient concernées les bibliothèques Sainte-Barbe et Sainte-Geneviève (rattachées à Paris 3), celles de Cujas et de la Sorbonne (Paris 1) voire la Bibliothèque universitaire des langues et civilisations (BULAC). La Contemporaine pourrait se raccrocher à l’Université de Nanterre.

De tels projets impliquent des financements, pour numériser massivement des collections, choisir un système de gestion de bibliothèque unique ou encore rénover des bâtiments. Pour Montagne Sainte-Geneviève, les travaux demanderaient « des investissements de plusieurs dizaines de millions d’euros ». Parallèlement, mutualiser certaines fonctions devrait « dégager des économies d’échelle ».

2) Accélérer la transition numérique

C’est une priorité stratégique de l’Etat, déclinée dans chaque ministère : la politique de la donnée informatique. Au Mesri, cela se traduira par l’accélération de l’ouverture des données, des algorithmes et des codes sources. Il s’engage ainsi « à favoriser l’accès, pour les chercheurs, aux données détenues par d’autres ».

Collections numérisées, archives scientifiques nativement numériques et données enrichies doivent faciliter l’accès aux ressources. « Le rôle des grandes bibliothèques de recherche est à cet égard fondamental », interpelle la ministre. Des infrastructures comme CollEx-Persée, la BnF ou encore l’Agence bibliographique de l’enseignement supérieur (Abes) sont notamment encouragées à mutualiser leurs acquisitions et à lancer des appels à projet sur la numérisation. Une feuille de route 2021-2024 qui met l’accent sur la « transition vers le numérique ».

3) La formation des conservateurs

La formation des conservateurs restera sur 18 mois, et non 24 comme souhaité par l’Ecole nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (Enssib), pour s’aligner sur les standards du grade de master. Argument de la ministre : la scolarité serait trop « universitaire et scientifique » alors que les employeurs préfèrent une formation « plus professionnalisante, axée davantage sur le management, la prise de responsabilités et la conduite de projets », estime-t-elle. Mais même avec "seulement" 18 mois de formation, l’Etat pourra délivrer le diplôme master à ceux qui entrent avec un bac +4.

Par ailleurs, il est favorable à ce que l’Enssib rejoigne le réseau d’écoles dont les élèves suivent le tronc commun de formation de l’Institut national du service public (INSP), qui remplace l’ENA. Ce sera possible dès la rentrée 2022, « dès lors que l’organisation pédagogique se sera consolidée ». C’est « en conformité avec l'appartenance des corps scientifiques des bibliothèques à la haute fonction publique », commente l’ABDU.

4) Une filière spécialisée dans l’informatique

C’est une idée envisageable : organiser une formation dans l’informatique, les sciences des données. Pas spécialement pour les conservateurs. Des formations spécifiques à l’informatique documentaire ont été mises en place, rappelle le ministère, qui ajoute que les profils avec la « compétence métier » adjointe à la « compétence informatique » sont « particulièrement valorisés lors des promotions par liste d’aptitude et tableau d’avancement ».

Mais l’idée pourrait se concrétiser dans les « formations universitaires en général ». « Elle suppose l’adhésion des universités, dans le cadre de leur autonomie pédagogique », pondère Frédérique Vidal.

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