C'était l'un des thèmes phares de la première -journée inter-professionnelle du livre audio, au mois de juin : comment s'emparer du prêt de livre audio dématérialisé, qui représenterait un débouché supplémentaire non négligeable pour les éditeurs ? Si le Québec, via l'association Bibliopresto, propose l'accès aux livres audio en bibliothèque -depuis mai, « on ne trouve pas, aujourd'hui, d'équivalent à taille industrielle dans une bibliothèque française », remarque Eric Marbeau. Le responsable partenariat et diffusion numérique du groupe Madrigall souligne l'attente du côté des biblio-thécaires dans l'Hexagone, et rappelle « qu'historiquement les usagers des média-thèques sont friands de livres audio ». Sous son impulsion, Gallimard a été l'un des premiers éditeurs à fournir des fichiers numériques de livres lus pour la phase d'expérimentation de BiblioStream. Ce projet est depuis près de deux ans dans les tuyaux de la librairie en ligne Book d'Oreille. Pour Olivier Carpentier, son fondateur, il était presque naturel de se positionner pour proposer une telle offre. « Nous avons plutôt la cote chez les bibliothécaires et auprès des clubs de lecture, parce que nous sommes la -dernière plateforme française, et parce que nous ne proposons que du format MP3 -parfaitement inter-opérable, loin des -fichiers captifs proposés par les Gafa. » Dernier atout de Book d'Oreille, -selon son fondateur : « Nous sommes les seuls à -respecter les normes d'accessibilité pour les non-voyants et les dys. »
Deux modèles pour les éditeurs
Conçu comme un player web dédié aux livres audio, BiblioStream est un outil « compatible à la fois avec les portails des bibliothèques et les contraintes des éditeurs », décrit le Lillois Olivier Carpentier, qui a -bénéficié d'une subvention de la région Hauts-de-France via Pictanovo, et d'une aide du Centre national du livre. Concrètement, le bibliothécaire peut effectuer, au sein de l'offre mise à disposition par les éditeurs, une sélection pour ses usagers. Ces derniers accèdent à leurs contenus en streaming, ce qui évite les contraintes de DRM et le stockage des fichiers téléchargés, et peuvent les consulter sur place ou en mobilité, sur ordi-nateur, tablette ou mobile. Lors d'une journée d'étude ouverte au public en juin 2017, la bibliothèque municipale de Lille, optimiste sur le service, pointait le livre audio en streaming comme une « occasion de repenser la médiation d'un format encore "mineur" ».
Après une phase de test en 2016, et une période dédiée à de la -pédagogie - « il n'existait pas de ligne de budget livre audio dans les comptes des municipalités » -, Biblio-Stream a signé cette année un partenariat avec quelques bibliothèques. Le service fonctionne suivant deux modèles : le premier, de type PNB, autorise un nombre -limité de prêts par références. Les bibliothèques achètent un certain nombre de crédits qu'elles répartissent dans leur réseau. Le second n'inclut pas de limite de prêt, mais n'autorise pas la simultanéité. Un même livre audio peut donc être prêté des milliers de fois, mais qu'à une personne à la fois. « Ce sont deux stratégies pour créer la rareté, et permettre aux éditeurs d'y trouver leur compte », résume Olivier Carpentier. Le choix du -modèle, le montant de l'achat, l'ensemble des conditions de prêt sont laissés à la discrétion de l'éditeur. Cette « toute-puissance » ferait d'ailleurs déjà grincer des dents en bibliothèque. Le fondateur de Book d'Oreille espère cependant que les éditeurs sauront « rectifier d'eux-mêmes le tir » en cas de tarifs trop élevés. W