1ER SEPTEMBRE - ROMAN France

Brina Svit, nous l'avions laissée à Buenos Aires. Avec Coco Dias ou La porte dorée (Gallimard 2007, repris en Folio), dont l'héroïne, une romancière française convertie au tango, se mettait à écrire la biographie d'un danseur argentin. Du tango et de Buenos Aires, il sera à nouveau question dans Une nuit à Reykjavik, mais pas seulement.

Brina Svit- Photo CATHERINE HÉLIE/GALLIMARD

C'est certes sur un trottoir de la ville, à quatre heures et demie du matin, que Lisbeth Sorel, ou Betty pour les intimes, a fait une étrange proposition à un "taxi dancer" local. Moyennant dix billets de cinq cents euros, elle a carrément invité Edouardo Ros, un Argentin qui ne fait pas très argentin qu'elle a croisé à un bal de tango, à venir lui faire l'amour à Reykjavik, en Islande !

Qu'est-ce qui peut bien avoir poussé cette femme sexy qui a déjà un amant régulier et un autre occasionnel à entreprendre pareil voyage ? Car la voici qui ne se dégonfle pas et débarque en plein mois de janvier dans un pays et une ville où elle n'a jamais mis les pieds. Une "île de glace et de feu", non loin du pôle Nord, attaquée par la crise financière et la menace d'une fin du monde prochaine.

Betty a presque tout pour être heureuse. Elle peut se targuer d'être bien de sa personne, même si elle trouve ses seins "petits, d'accord, mais tout à fait irréprochables", et n'aime pas ses mollets ; de travailler comme responsable de la clientèle affaire d'une grande compagnie aérienne ; de posséder "un agenda bien rempli et deux téléphones portables dans son sac". Sans oublier qu'elle est capable de réparer son lave-linge, qu'elle sait "négocier, ne pas lâcher, tenir bon et avoir raison". Mais pas s'endormir à côté d'un homme. Avec Ros, petit brun aux yeux de velours, pourquoi ne pas essayer...

Les romans de Brina Svit diffusent immanquablement une petite musique unique. La Slovène qui écrit en français depuis Moreno (Gallimard, 2003) réussit ici mieux que jamais à être drôle et mélancolique, poignante et profonde sous son air de ne pas y toucher. A parler du temps qui passe, du désir, de la vie qui nous enlève les êtres que l'on aime. Sa Nuit à Reykjavik est une pure merveille.

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