Benoît Mouchart est nommé directeur éditorial en charge de la bande dessinée de Casterman, annonce cette dernière, mercredi 16 janvier dans un communiqué.

Le directeur artistique chargé de la programmation culturelle du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême prendra ses fonctions le 18 mars en même temps que Charlotte Gallimard, nommée administratrice déléguée, à laquelle il sera directement rattaché. Depuis novembre, le conseil d'administration de Casterman a placé la société dans une période de transition sous l'autorité de la P-DG de Flammarion, Teresa Cremisi, accompagnée de la fille d'Antoine Gallimard.

Cette réorganisation fait suite à la démission de Louis Delas de ses fonctions de patron du pôle BD et jeunesse de Flammarion, il y a trois mois, après le rachat du groupe par Gallimard.

« Je suis très heureux qu'on m'ait fait cette proposition, cette maison me plaît par son histoire et son actualité, son catalogue prestigieux. C'est un honneur pour moi », a commenté à Livres Hebdo, Benoît Mouchart, très accaparé par la préparation Festival d'Angoulême, dont il est directeur artistique depuis 2003 et qu'il quittera après la 40e édition qui se tient du 31 janvier au 3 février.

Né en 1976, Benoît Mouchart a fait des études de lettres modernes à la Sorbonne. Tout en enseignant le français au collège, il rédige son mémoire de maîtrise sur Jean-Patrick Manchette sous la direction de Jean-Yves Tadié, par ailleurs directeur des collections « Folio classique » et « Folio théâtre » chez Gallimard, et publie un premier ouvrage chez Dargaud, un livre d'entretien avec Greg, le créateur d'Achille Talon. Il quitte rapidement l'enseignement pour devenir pigiste, spécialisé en bande dessinée.

Commissaire d'exposition, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur la bande dessinée, mais aussi d'un essai sur l'oeuvre de Jean-Patrick Manchette et d'une monographie sur la chanteuse Brigitte Fontaine. Le 16 janvier, il publie aux Belles lettres De la bande dessinée au XXIe siècle, un texte théorique sur l'histoire et l'évolution de ce secteur éditorial. Pointant du doigt la surproduction, les difficultés du marché, la mutation du secteur avec l'arrivée du numérique, il dresse le portrait d'une édition qui « dans son ensemble traverse une période de turbulences annonciatrices de grandes mutations. »

Fustigeant le nombre grandissant de séries qui « se contentent de plagier des sujets mainstreams issus du jeu vidéo, des films à grand spectacle ou des séries télé » ainsi que les séries spin-off de héros classiques « qui ronronnent », Benoît Mouchart écrit que « les bandes dessinées traditionnelles gagneraient à s'emparer des sujets plus actuels, aussi brûlants d'actualité qu'ils puissent être », une appréciation qu'il va désormais avoir l'occasion de mettre en pratique dans ses nouvelles fonctions.

Par ailleurs dans son ouvrage, le futur directeur éditorial rappelle l'engagement de Gallimard, son nouvel employeur, à l'égard du secteur du 9e art, mis en cause par plusieurs auteurs Casterman au moment du départ de Louis Delas : « Loin de dédaigner la bande dessinée, l'éditeur littéraire qui dirige Denoël Graphic relance en 2004 le label Futuropolis - en partenariat avec Soleil - , puis crée en 2006 sous sa propre enseigne, « Bayou », une colleciton de bandes dessinées lancée par Joann Sfar et Thierry Laroche.»