Alors que Livres Hebdo célèbre en septembre les cinq ans de sa nouvelle formule, la rédaction a interrogé plusieurs acteurs du monde du livre pour leur demander où ils se voyaient dans cinq ans. À en croire quelques-unes des personnes interrogées, nous voilà à l’aube d’un grand basculement.

Accélération de l’histoire ? Il y a cinq ans nous aurions peut-être demandé à ces professionnels comment ils s’imaginaient dans vingt. Toujours est-il que ces quelques réponses apporteront des esquisses de solution et des raisons d’espérer, au moins autant que de s’inquiéter. Aujourd’hui, retour vers 2030 Benoît et Alexandre Coutaz, P-DG et directeur général d’Harmonia Mundi :

« Nous devons être attentifs et accompagner les réflexions autour de l’occasion ou de l’écologie, désormais incontournables »

Aucune révolution majeure n’est à attendre à court terme dans la diffusion-distribution. Benoît et Alexandre Coutaz en sont persuadés. Aujourd’hui comme demain, le père et le fils estiment que « le maintien et la protection du prix unique du livre sont notre cheval de bataille absolu, quel que soit notre métier » et entendent miser sur le triptyque « prix unique, confiance, dialogue ». Pour autant, l’arrivée d’une nouvelle génération peut nécessiter de penser des évolutions.

« Nous devons être attentifs et accompagner les réflexions autour de l’occasion – qui est une pratique naturelle pour cette nouvelle génération – ou de l’écologie, désormais incontournables », estime Benoît Coutaz. Les deux hommes s’interrogent : « Peut-être serons-nous conduits à renouer avec des plateformes interprofessionnelles régionales ? Cela pourrait permettre de réduire l’impact écologique du livre. »

L'IA, une opportunité plutôt qu'une menace pour le livre

Quant à l’intelligence artificielle, Alexandre Coutaz « ne pense pas qu’elle soit une menace pour le futur, dès lors que son usage serait régulé ». Il y voit même une opportunité. « La désinformation va s’accélérer : le support papier et le livre seront l’étendard de la vérité. Alors que des maisons ou des plateformes vendront des ouvrages créés par l’IA, le lecteur aura besoin de se rassurer et se tournera vers le livre physique », prédit-il.

Louant la « capacité d’adaptation » du secteur, Benoît Coutaz imagine un renforcement « des liens humains et de la proximité » dans le monde de demain. « Je suis confiant pour l’avenir du livre mais nous devons rester soudés avec les maisons d’édition et les librairies pour continuer à défendre ce bel objet », affirme Alexandre Coutaz.