10 octobre > roman Grande-Bretagne

La parution aux éditions de l’Olivier en 2012 de son dernier livre, Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? (repris en Points), récit autobiographique, a permis à Jeanette Winterson d’agrandir en France le cercle de ses lecteurs. C’est la romancière que l’on retrouve avec La passion. Un roman, dont L’Olivier propose une traduction révisée, paru en 1989 chez Robert Laffont sous le titre La passion de Bonaparte.

Dédié à l’agente Pat Kavanagh, la défunte épouse de Julian Barnes, La passion ramène le lecteur à une époque où Napoléon était esclave de sa gourmandise, s’entourait de serviteurs petits et de chevaux immenses. Henri, le narrateur, rêvait d’être tambour et s’est retrouvé au service de l’Empereur. Elevé par un curé et une mère bigote, ce garçon de frêle carrure a appris à farcir une volaille, à ralentir une cuisson. Il côtoie l’homme le plus puissant du monde, un personnage qu’il juge tour à tour fascinant et répugnant. Et glissant au passage qu’« unegrandeur comme la sienne incline à l’irrationalité ».

Henri a cru qu’il accompagnerait les troupes censées envahir l’Angleterre. Il a visité un bordel tenu par une Suédoise, subi un rude hiver à Boulogne. Plus tard, sa route va croiser celle de Villanelle, une rousse vénitienne qui a travaillé au casino où elle lançait les dés, étalait les cartes et, à l’occasion, volait à la tire. Pragmatique en amour, la belle peut se déguiser en garçon et sait que son cœur est « un organe pur ». Après avoir connu une passion dévorante avec une femme mariée, Villanelle a rejoint l’armée pour le plaisir des généraux. Et celui d’un Henri qui a perdu un œil à Austerlitz et l’accompagne à pied de Moscou à Venise… Enlevé et sensuel, La passion est un régal. Et la preuve du talent si singulier de l’auteure des Oranges ne sont pas les seuls fruits (L’Olivier, 2012, repris en Points).

Alexandre Fillon

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