S’opposant à tout « démantèlement » de Lagardère, il rappelle qu’il a dû se séparer d’Editis lorsqu’il a racheté Vivendi Universal Publishing, « sur décision de Bruxelles ». « Je vois mal la Commission européenne changer de vision, compte tenu de nos parts de marché respectives en France », souligne Arnaud Lagardère.
Vivendi Universal Publishing, né du rapprochement d’Havas Publications Editions et de CEP Communications en 2000, avait été cédé à Lagardère, fin 2002. La Commission européenne avait contraint l'actionnaire d'Hachette de se délester de 60% du groupe en 2004, créant un nouvel ensemble repris par Wendel Investissements.
Développement à l'international
Hachette Livre et Editis, ensemble, pèsent un peu plus de la moitié du chiffre d’affaires du secteur en France. « Lagardère Publishing mené par Arnaud Nourry a réalisé en 2019 des résultats exceptionnels et va poursuivre son développement », explique Arnaud Lagardère. Pour lui, un rapprochement des deux groupes « serait en outre destructeur au plan social ». « Nous sommes assez puissants en France mais nous souhaitons effectivement nous renforcer dans notre branche Livre mais à l’étranger », indique Arnaud Lagardère.
S’agissant de développement à l’étranger, sur le groupe américain Simon & Schuster mis en vente par ViacomCBS, il dit regarder le dossier, comme tous les acteurs du livre : « Si l’opportunité d’un rachat se présente, bien sûr qu’on ira. »
Vivendi fait un placement financier
L’entrée de Vincent Bolloré au capital de son groupe par l’intermédiaire de Vivendi est « un soutien amical », sans « aucun accord » ni « contrepartie ». Arnaud Lagardère justifie cette arrivée à hauteur de 13,6% du capital par un retour d’ascenseur : « Nous avons pu aider Vincent à une époque ancienne, quand il en avait besoin ».
« Vivendi a indiqué officiellement qu’il s’agissait d’un placement financier et qu’il n’envisageait pas de prendre le contrôle. Je lui fais confiance », assure-t-il.
Aidé par l’entrée de Vivendi et de Marc Ladreit de Lacharrière dans son capital, et après trois mois de combat pour conserver son poste à la tête de Lagardère face aux appétits du fonds d’investissement Amber, Arnaud Lagardère considère que l’assemblée générale « a donné son accord à la stratégie du groupe, à sa gouvernance, et aussi, à la commandite. Ceci dit, la commandite, ce n’est pas vraiment le sujet d’Amber. Leur sujet, c’est de gagner de l’argent, le plus vite possible, en démantelant le groupe. Pour arriver à cela, ils doivent prendre le contrôle et donc faire tomber la commandite. »
La commandite
Arnaud Lagardère dit réfléchir à ce système de commandite, créé pour consolider la gouvernance du groupe à l’époque où il était actionnaire d’EADS, devenu Airbus, enjeu industriel stratégique pour la France et l'Allemagne: « Je n’ai présenté aucun projet à personne pour sortir de la commandite. En revanche, la gérance a toujours eu, et aura toujours, le souci d’améliorer la gouvernance. Récemment, nous avons ajouté un comité stratégique. Notre conseil de surveillance fait très bien son travail. Je ne me suis jamais interdit de réfléchir sur la commandite. Mais ce n’est pas Amber qui va me précipiter à faire quelque chose que je ne veux pas faire. Je ne modifierai pas la gouvernance de ma société sous pression ».
Selon lui, « l’idée d’Amber en cherchant à renverser cette commandite, c’était de prendre le contrôle du groupe pour le découper en empochant un maximum de la revente des actifs ! ».