Pour l'écrivain, cette tendance s'accompagne d'une autocensure dirigée par des valeurs imposées par la société. «En France, nous avons vu arriver le politiquement correct dans la parole. Ce politiquement correct est quelque chose de très sale, qui empêche l'expression naturelle et transforme non seulement l'écriture mais aussi la pensée elle-même. Je trouve que l'un des grands dangers aujourd'hui est cette censure organisée par l'ensemble de la société sur ceux qui prennent la parole», a développé l'auteur.
17 versions de son dernier roman
Questionné sur le nombre de personnes qui lisent en France, l'écrivain a ouvert le débat sur la nature même du lecteur. «Mon éditeur, Jérôme Lindon, me disait, au début des années 90 : "en France, il y a à peine 400, voire 500 lecteurs". Pour lui, le lecteur était une sorte d'entité magique, capable vraiment d'entrer dans les livres et de les apprécier », a raconté Volodine. Par la suite, l'écrivain a volontiers reconnu se tenir en général en dehors du circuit du livre, faire confiance à sa maison d'édition pour toutes les questions relatives à la circulation de sa littérature et s'en tenir à ce qu'il sait faire de mieux : écrire.
Véritable bourreau de travail, l'écrivain a avoué être obsédé par la perfection. «Je suis sans cesse en train de relire et de retravailler sur un texte qui existe, qui est terminé. Cette idée de lire à nouveau et de modifier est aussi lié au plaisir que j'éprouve à retrouver mes personnages et à revivre mes histoires», a expliqué Antoine Volodine qui a réalisé 17 versions de son dernier roman avant de la proposer à son éditeur.
Le romancier a obtenu le prix Médicis cette année avec Terminus radieux publié par Le Seuil. Auteur d'une vingtaine de romans sous le nom d'Antoine Volodine, il a également sorti de nombreux livres sous différents pseudonymes.