L'Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée (ACBD) a rendu son bilan annuel sur le secteur du 9e art. Le marché prolifère et se polarise selon le rapport (ci-joint en téléchargement).
En quelques chiffres voici une synthèse de ce qu'il faut retenir pour cette année 2012.
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Production : 5 565 livres du 9e art ont été diffusés soit une augmentation de 4,28% en 2011, qui confirme la progression constante depuis 12 ans du secteur. Les rééditions, de plus en plus qualitatives, représentent 19,21% des publications tandis que les strictes nouveautés s'octroient 73,84% des parutions. On dénombre 1 678 véritables créations.
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Domination : la BD franco-belge domine toujours le marché avec 1 731 titres parus (42,13%), devant les séries asiatiques avec 1 621 nouveaux mangas (39,45%), les romans graphiques (9,51%) et les comics américains (8,91%).
- Concentration : 4 groupes assurent à eux seuls 44,87% de la production : Delcourt, Média-participations (leader sur le plan économique), Glénat et Gallimard (renforcé par l'acquisition de Flammarion). 12 autres consolident leurs positions (Panini, Hachette Livre, Kazé Manga, Bamboo...). Ces 16 éditeurs totalisent 71,86% de la production du secteur (cp,tre 69,5% l'an dernier).
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Diminution : contexte économique oblige, les gros tirages sont revus à la baisse. 89 séries et oeuvres indépendantes ont bénéficié d'un tirage de plus de 50 000 exemplaires, soit 10 de mois qu'en 2011. Titeuf avec son million d'exemplaire demeure le plus important tirage de l'année, tous secteurs littéraires confondus. Seules six oeuvres indépendantes se classent dans ce tableau :
Tintin : le secret de la Licorne,
Moi René Tardi...,
Les Simpsons : c'est la fête,
La page blanche,
Chroniques du règne de Nicolas 1er et
La douce.
Mais d'un point de vue général, les éditeurs ont ajusté les tirages des locomotives en imprimant ce qu'ils espèrent être les ventes d'une première année de mise en place. Ce sont les titres entre 20 000 et 50 000 exemplaires, en hausse, qui ont permis la bonne tenue du marché.
Côté mangas, 10 séries monopolisent les ventes, dont les inusables
Naruto, One Piece, Fairy Tail, Black Butler et
Bleach.
- Promotion : la BD n'est plus un art mineur. Maisons de ventes aux enchères ou musées l'accueillent comme un art à part entière, à forte valeur ajoutée. Désormais normalisé et parfois sacralisé, le 9e art se généralise. Ainsi 456 titres de BD ont été proposés en avant-première dans des magazines ou périodiques. A cela s'ajoutent 10 séries de fascicules, 17 magazines ou fanzines publiant des BD, 11 reuvues dédiées et 34 sites web ou blogs spécialisés qui diffusent à un public de plus en plus large de l'information ou des créations. On pourrait ajouter le cinéma, avec des succès populaires comme le Marsupilami, Spider-Man ou Ducobu, et la télévision (
Silex & the City).
- Manifestations : 489 festivals, salons ou bourses complètement ou partiellement dédiés à la BD ont été organisés sur le territoire francophone européen. Il est à noter que le FIBD d'Angoulême et Japan Expo/Comic Con à Paris Nord (en forte croissance) sont les deux manifestations littéraires (tous formats et genres confondus) les plus populaires avec respectivement 215 000 et 208 000 visiteurs. Les festivals d'Aix-en-Provence, Saint-Malo et Amiens accueillent toutes plus de 30 000 bédéphiles. La BD est aussi devenu un acteur essentiel des salons généralistes.
- Précarisation : si 1 951 auteurs francophones européens ont publié au moins un album cette année (202 de plus qu'en 2011), l'ACBD souligne que la profession se paupérise et que 1 510 auteurs seulement réussisent à vivre, "
souvent difficilement", de leur création.
- Prospection : l'Assocation s'inquiète cependant d'une mutation lente et souvent hésitante, notamment face au numérique. Si le blog BD est devenu un genre à part entière, l'ACBD alerte sur une diffusion du 9e art dans l'univers numérique encore trop marginale. Avec à peine 6 000 titres disponibles, l'offre légale progresse d'ailleurs moins vite que l'offre pirate. Certes, de nouvelles pistes sont explorées (le magazine numérique, des créations innovantes), mais la fragilité économique des concepteurs et le manque d'investissement des éditeurs mettent en péril un marché perturbé par les tensions sociales et l'hégémonie de quelques gros diffuseurs en ligne.
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Focus : Rentrée BD 2012