Il suffisait d’y penser. Alastair Bonnett, professeur de géographie sociale à l’université de Newcastle, a eu l’idée géniale d’utiliser les photos et les données collectées par les milliers de satellites qui survolent la Terre, afin de constituer des cartes d’un genre nouveau. Techniquement d’abord, grâce à six types de projections (Robinson ou Eckert IV, principalement), et à des graphiques circulaires au résultat saisissant : ainsi la carte des flux humains, recensant les personnes ayant changé de pays de 2005 à 2010, qui montre que la principale migration se fait à l’intérieur de l’Europe : 38 millions de "mobiles", pour "seulement" 26 millions de Latinos migrant vers l’Amérique du Nord. Méthodologiquement ensuite. Appliquant ces techniques de pointe à sa discipline devenue science sociale, ses cinquante cartes éclairent le monde sous un jour nouveau, dégonflant quelques idées reçues, quelques présupposés idéologiques, et amenant le lecteur à réfléchir. Parmi la foule de choses que l’on apprend dans ces pages, en un clin d’œil ou presque : le monde n’est pas cosmopolite ; les Anglo-Saxons sont quasi monolingues ; c’est l’Inde le pays le plus riche en langues, dans un monde où 577 d’entre elles sont menacées de disparition, comme les fourmis, d’ailleurs, qui sont pourtant essentielles à la survie de l’homme ; le Bangladesh est le pays le plus densément peuplé du monde ; Singapour celui où la diversité religieuse est la plus vaste, etc.
Les cartes parlent, c’est passionnant, et cet atlas, qui sort simultanément dans neuf pays, renouvelle complètement le genre.
J.-C. P.