Il y a quelques lustres, un village des Maures abrite, avec une forte colonie de touristes anglais, une population bien particulière. Paul Duchâteau, un métis franco-thaïlandais fortuné, vit retranché dans sa luxueuse villa, en curieuse compagnie : un tigre, Nabucco, qu’il garde en toute illégalité. La rousse Hélène, plantureuse fille de concierge qui ressemble à un Rubens, se la coule douce sous prétexte de faire des études. Le vieux coquin nourrit pour elle un certain sentiment, surtout lorsqu’elle se baigne nue dans sa piscine. Mais la belle a aussi du caractère.
Parmi ses amis, il y a Louise et Luc, deux ados inséparables, qui s’aiment et sont amants, tolérés malgré eux par leurs parents respectifs. Lesquels ne sont guère en mesure de leur donner des leçons de morale : la mère de Luc, Jeanne, a une liaison passionnée avec le père de Louise, Gilles. Ce que leurs conjoints, Clotilde et Mathieu, une fois au courant, prendront très mal : retraite dans un monastère, divorce, dépression, tentative de suicide…
Ce petit monde va se trouver chamboulé le jour où, en colère contre Paul, Hélène laisse échapper Nabucco, qui va semer la panique dans toute la région durant des semaines. Gendarmes, armée, journalistes, tout le monde traque l’animal, en vain. On fait appel à un spécialiste anglais, John Corbett, chasseur de tigres mangeurs d’hommes, qui finira par le dénicher, hébergé en secret chez Mathilde, une éleveuse de sangliers. La pauvre bête finira mal. Quant à Hélène, elle a fui en Asie, tombée amoureuse d’un moine dans un monastère de tigres, avant de revenir hériter de Paul, décédé entre-temps. Au terme de toutes ces aventures, tout le monde se réconciliera pour les 15 ans de Luc. Les deux héros se retrouveront bien des années après, leurs vies faites et le garçon devenu écrivain.
Ce 24e roman est un Patrick Grainville pur jus : exubérant, peuplé, foutraque et, surtout, surtout, plein de sensualité.
J.-C. P.