De Jane Thynne, on avait aimé un subtil roman policier paru naguère au Masque, Le pavillon aux coquillages. La journaliste anglaise revient avec un épatant roman qui la montre creusant le même terreau que son mari, Philip Kerr. A l’instar de l’auteur des aventures du détective privé Bernhard Gunther, Jane Thynne possède une connaissance soutenue du Berlin des années 1930. Et nous entraîne dans un pays aux prises avec une inflation dévastatrice où règne un climat de terreur depuis la prise de pouvoir du chancelier Hitler.
Son héroïne, Clara Vine, a mis vingt-quatre heures pour se rendre de Londres à Berlin, lestée d’un guide Baedeker, d’une tablette de chocolat Cadbury et d’un livre de Rosamond Lehmann. Cette fille d’un lord qui siège au Parlement a étudié au Conservatoire et joué dans une pièce de Noël Coward. Elle vient de décrocher un rôle dans un film tourné dans les studios de Babelsberg, sous la houlette du producteur Max Townsend, et de prendre la poudre d’escampette.
Dans ledit film, Les roses noires, Clara n’a pas la vedette. Une place réservée à Lilian Harvey qui a triomphé dans Les chemins du paradis et dans Le congrès s’amuse avec Conrad Veidt. La star, Clara ne la verra pas. En revanche, elle aura l’occasion de croiser le docteur Goebbels, officiellement le nouveau ministre de l’Education du peuple et de la Propagande. Et aussi Leo Quinn, diplômé d’Oxford et employé du ministère des Affaires étrangères de Sa Majesté…
Jane Thynne s’approprie parfaitement les codes du roman d’aventures et du roman sentimental. On ne lâche pas d’une semelle son héroïne aussi intrépide que séduisante. Et l’on ne peut donc que se réjouir de savoir que Les roses noires est le premier tome d’une série mettant en scène la demoiselle de 26 ans. Que l’on retrouvera l’année prochaine dans Jardin d’hiver ! Alexandre Fillon