Emmanuel Macron était accompagné de son épouse, Brigitte Macron, de la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, du président du Syndicat national de l'édition (SNE), Vincent Montagne, du directeur du salon, Sébastien Fresneau, mais aussi de 200 gardes du corps qui ont formé autour de lui une véritable chaîne humaine, peu encline à la discussion, et paralysant une grande partie du salon. Ce dispositif de sécurité exceptionnel, mêlé à la ferveur de très nombreux fans agglutinés sur son passage - portable brandi pour espérer prendre une photo - et à la nuée de journalistes tentant de suivre le président, a chamboulé le déroulement habituel de la soirée d’inauguration.
Boycott diplomatique
L’inauguration a aussi été marquée par la tournure politique qu’elle a prise. En début de soirée, alors que les premiers invités arrivaient au salon, l’Elysée a annoncé qu’Emmanuel Macron ne visiterait pas le pavillon russe alors même que la Russie est l’invitée d’honneur de cette édition. Plus tôt dans l’après-midi, le président avait annoncé dans une communication commune avec ses homologues du Royaume-Uni, des Etats-Unis et de l’Allemagne qu’il condamnait «les comportements irresponsables» de Moscou dans l’affaire de l’empoisonnement d’un agent double sur le territoire britannique.
Parcours classique et appliqué
Si le président a en effet évité le pavillon russe, passant devant sans s’y arrêter, il a, pour le reste, effectué un parcours du salon classique, prenant visiblement plaisir à discuter avec les professionnels, tant est si bien que son staff a dû régulièrement le tirer par la manche pour avancer. Après avoir échangé avec des enfants à l’abri des caméras dans le petit espace «Secrets de lecture» sur le stand du ministère de la Culture, il est allé notamment sur celui de Glénat où il s’est longuement entretenu avec Jacques Glénat, qui lui a présenté le dessinateur François Boucq, avant de faire un saut chez Delcourt, puis dans l’espace Madrigall, où il s’est notamment entretenu avec Antoine Gallimard. Tout juste revenu d’un déplacement en Inde, Emmanuel Macron lui a confié son admiration pour l’auteure Arundhati Roy (Gallimard) qu’il a rencontrée sur place. Chez Albin Michel, Francis Esménard lui a offert des livres d’Amélie Nothomb et de Véronique Olmi tandis que Brigitte Macron s’est enthousiasmée du dernier Pierre Lemaitre, Couleur de l’incendie.
Rencontre à huis clos avec des éditeurs
Après une rencontre impromptue avec le prix Renaudot, Olivier Guez (Grasset), la délégation s’est arrêtée au stand d’Actes Sud où Françoise Nyssen a retrouvé son mari, Jean-Paul Capitani, et son ancienne équipe tandis que le président échangeait avec les auteurs Alice Ferney et Cyril Dion. Il salue ensuite, chez XO, Bernard Fixot et Kouamé, un jeune migrant qui a signé chez l’éditeur un témoignage qu’avait évoqué Emmanuel Macron lors d’un discours devant l’Onu en septembre dernier. Ensuite, le président est passé chez Editis, avant de se rendre sur le stand du Centre national du livre. Là, il s’est entretenu, durant une petite demi-heure à huis clos avec Vincent Montagne, Pierre Dutilleul, directeur général du SNE, Vincent Monadé, président du CNL, et une poignée d’éditeurs, parmi lesquels Alban Cerisier, secrétaire général du groupe Madrigall, Antoine Gallimard, Pierre Conte, directeur général d’Editis, Alain Kouck, président d’Editis, Sylvie Marcé, présidente des éditeurs d'éducation (SNE), Irène Lindon, présidente de Minuit et Arnaud Nourry, président du groupe Hachette.
Point presse
Le président a ensuite visité le pavillon des Lettres d’Afrique. Puis il a, contre toute attente, pris la parole lors d’un point presse. Après avoir dit son bonheur d’être là et rappelé l’importance de la place du livre en France, il a affirmé son soutien au monde du livre. «C’est ce qui nous a conduit à mettre en place ce grand plan pour les bibliothèques», a-t-il notamment indiqué. Il a ensuite insisté sur l’excellence de la littérature russe qui «nous a beaucoup inspiré et a notamment nourri le Siècle des Lumières». Si le président a de nouveau condamné «ces attaques sur le sol britannique» qui ne rendaient «pas envisageables» un passage sur le pavillon officiel de la Russie , il a souligné l’importance du lien avec de nombreux écrivains russes «qui d’ailleurs s’opposent eux-même parfois à la politique de leur pays». Sollicité par les journalistes autour de ces questions, Emmanuel Macron n’a pas souhaité répondre et a quitté le salon alors que les visiteurs faisaient de même peu à peu.