17 octobre > nouvelles France

Agnès Bihl est une femme de textes et de scène : auteure interprète sillonnant depuis des années les salles de spectacle et les cafés-concerts, elle honore la tradition de la chanson réaliste à la française, trouvère contemporaine, compagne de chambrée des camarades Allain Leprest ou Yves Jamait. Guy Bedos appelle « Léo Ferrette » cette porte-voix piquante des «cœurs écrasés», des « cœurs sous vide ». Mais aussi bien toujours prête à lever le coude à la vie à l’amour.

Les seize nouvelles de 36 heures de la vie d’une femme ont été écrites en écho aux quatorze chansons de son album, le sixième, qui sort en même temps. Une gestation douloureuse et heureuse à la fois qu’elle raconte dans le « Journal à bord de l’écriture », qui clôt le recueil. Colère et tendresse sont les deux dominantes de ces tranches de chienne de vie. Voilà une jeune serveuse de bar, Camille, petite-fille du mort qui monologue le jour de son enterrement dans « Bon dieu, mon vieux », un Casanova piteux, un fœtus reconnaissant dans « La plus belle, c’est ma mère », un psychanalyste aux méthodes expéditives (« Toubib or not toubib ») ou une actrice de pub (« Ciné-club »)… La tournée offrira du grave (« Le baiser de la concierge »), de l’actualité polémique (« La manif »), pas mal de gueule de bois. «Je suis venue. J’ai bu. Je ne le ferai plus… Déjà fumer tue… En plus le bar t’abat. C’est ballot.»

Chaque nouvelle est introduite par un mot et sa définition, assortie d’exemples, de synonymes, de proverbes maison. L’ironie grinçante a un côté même pas mal. A l’efficacité ramassée de la chanson, les histoires courtes d’Agnès Bihl empruntent le sens du rythme, le goût de la rime, les calembours amers, les formules sarcastiques, l’ensemble a une énergie insoumise, une fantaisie trempée dans l’acide. « Quand je pense qu’à l’école on vous apprend le passé simple… Franchement, croyez-moi, le futur compliqué serait bien plus utile. »

Véronique Rossignol

 

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