Ils font pipi, caca, ils braillent toute la journée et une partie de la nuit, mais qu'est-ce qu'on les aime ! La délicieuse et facétieuse Susie Morgenstern a dédié quarante-huit poèmes aux bébés pour leur souhaiter la bienvenue. Histoire de commencer le voyage en douceur et en confiance. Ils ont devant eux l'expérience unique de toutes les premières fois, « la première cuillère à café de purée », « la première neige dans la cour ». Bien que ne sachant pas parler, ils parviennent pourtant à se faire comprendre : « De l'index raidi, horizontal, il montre du doigt ce qu'il veut. » Parfois, on ne sait trop quelle mouche les pique, ils envoient tout valser par terre. C'est qu'ils sont souverains dans leur royaume. « Assis comme un roi sur ta chaise haute/Tu fais tomber un à un tous tes hôtes. » Sans jamais l'avoir apprise, ils savent la géométrie en contemplant les ronds et carrés du mobile qui se balance au-dessus de leur berceau. Leur bus à eux se nomme « les bras ». Partout on s'extasie de leurs menus progrès, quand ils font de la mousse, plouf ! dans leur bain. On vénère leur jeune souffle : « Ton souffle est une musique douce/quel bonheur que tu respires. » Un jour, pourtant, Bébé grandira et partira loin, loin du berceau dans le vaste monde. Alors enfin il ne sera « plus dépendant des bipieds ».

Drôles, incisifs, toujours émouvants, les petits poèmes de Susie Morgenstern sont sublimés par les illustrations de Tiziana Romanin. Tournoyantes et caressantes comme nos pensées pour le petit être qui respire au creux du couffin.