Jimmy est un voisin de l'immeuble où vivent Penda et sa grand-mère, une guérisseuse de renom dans le 10^e arrondissement de Paris. C'est un patient de Mami Pirate. Jimmy vit seul dans un appartement quand sa mère part en désintox, il est un peu « jnounné », c'est un type « chelou », tout le monde le sait dans le quartier. Certains disent qu'il a un « pet au casque », mais Penda et Mami Pirate savent que ce sont ses jnouns, très puissants et en colère, qui expliquent la singularité de Jimmy : il est possédé par un mauvais génie. Un jour, il se retrouve en garde à vue après une bagarre. Il n'y avait pas grand-chose à faire, simplement attendre et espérer que les flics se rendent comptent qu'ils ne tenaient pas « un semeur de troubles »... Mais Jimmy atterrit dans un hôpital psychiatrique. Quand Penda, sa sœur Shango et Mami Pirate se rendent au rendez-vous avec la psy, à l'hôpital Maison-Blanche où Jimmy est interné, ce sont deux mondes qui se confrontent. Celui du diagnostic psychiatrique et du traitement chimique - le patient est schizophrène - et celui des djinns et du soin à l'iboga, une racine administrée par Mami Pirate pour soigner Jimmy et éloigner ses jnouns « méga forts et pas contents ».

À l'hôpital, les gestes de Jimmy sont lents, ses yeux pleins de sang, il ne peut plus parler. « Le traitement fonctionne », assure la psy. « Les psys c'est pour les Blancs », pense Mami Pirate. Il faut sortir Jimmy de là, et Mami n'a plus d'iboga. L'initiation de Penda commence, elle qui avait été écartée du destin de guérisseuse. Comme Jimmy, elle n'a plus ses parents, et comme lui, elle fume régulièrement des joints. « La seule différence c'est que moi, personne n'avait encore mis de mots sur ce que je ressentais. »

Au récit se mêlent les souvenirs des après-midi occupés à regarder des films ou ceux de l'année que Penda, Shango et Mami Pirate passèrent au Sénégal, où Jimmy rêvait de retourner. Penda se remémore leurs liens, son rapport aux djinns et à la croyance, sa relation avec Chico - un habitué des GAV. Elle rêve dans cette langue « devenue une start-up », s'amuse avec les codes du langage parlé, empruntant aux imaginaires des rituels traditionnels et à ceux de la pop culture.

Premier roman d'une jeune plume issue du master de création littéraire de Paris 8, Djinns est un récit d'apprentissage, celui d'une narratrice suspendue entre deux visions du monde, deux grilles de lecture qui bien souvent s'opposent.