29 MARS - RÉCIT France

Florence Delay- Photo DR

Chez Florence Delay, l'étique n'est pas toc. Après son délicieusement fumeux Mes cendriers (Gallimard, 2010), elle nous revient avec plus mince encore et non moins virtuose et élégant. Comme l'indique opportunément son sous-titre, Il me semble, mesdames se présente comme une suite de "trente et une nouvelles du château de Fontainebleau, informant des rois qui l'habitèrent, des peintres qui le décorèrent, des fêtes et des amours". Vaste programme en vérité, en même temps que discret tour de force historico-romanesque, que notre blonde académicienne remplit sous l'invocation tutélaire de la Marguerite de Navarre de L'Heptaméron. Florence Delay, ainsi qu'elle s'en explique très bien dans la postface (en réalité, seul texte du volume vraiment inédit, le reste étant paru une première fois, de manière fort luxueuse et désormais épuisée, en 1987 chez Franco Maria Ricci, sous le titre Les dames de Fontainebleau), ne plagie pas et fait mieux que copier : elle imite. Et c'est donc au son de leur musique, aux couleurs de leurs toiles, aux rythmes de leurs vers, que l'on retrouve en ces pages comme enluminées d'érudition joyeuse François Ier, Henri IV, Diane de Poitiers ou le peintre triste Rosso Fiorentino. Les plaisirs et les jours d'un royaume qui se refusait à n'être qu'un pays et construisait des châteaux pour assurer sa rêveuse grandeur. Un royaume aimable malgré tout, aimable avant tout aux arts et aux amoureux, qui en termes de conquêtes en tenait plus volontiers aux seins des femmes qu'aux champs de bataille (ou du moins qui connaissait plus de succès en l'un qu'en l'autre de ces domaines...). En ce temps-là, Fontainebleau était une fête ; et aujourd'hui, toute de malice et de style, Florence Delay est son prophète.

Les dernières
actualités