Pierre Fourniaud (La Manufacture de livres) : « Je suis dégagé de toute pression » (5/5)
Cette semaine, Livres Hebdo présente chaque jour un des nommés pour les Trophées de l’édition 2023 dans la catégorie éditeur ou éditrice de l’année. Aujourd’hui, Pierre Fourniaud a lancé sa maison d’édition artisanale La Manufacture de livres après une première vie de commercial chez Hachette et au Seuil.
Par
Éric Dupuy Créé le
19.01.2023
à 18h28, Mis à jour le 23.01.2023 à 18h18
Dans son petit bureau on ne peut plus parisien, planté devant la fenêtre qui donne sur Notre-Dame en chantier, Pierre Fourniaud nous accueille avec la malice des gens heureux. « L'ascenseur est encore un peu médiéval », glisse-t-il en introduction après une montée de marches haletantes de cet immeuble biscornu de la pointe nord du quartier latin. Le limougeaud d’origine, exilé à Paris au début des années 1990 pour poursuivre ses études rue Saint-Guillaume, nous confie être en perpétuelle « crise de la quarantaine ».
Les Contemplées de Pauline Hillier, parution le 9 février.
Un roman autobiographique qui rend hommage à un groupe de femmes, 28 co-détenues de l'autrice, unies face à l'injustice des hommes, au sein de la prison pour femmes de Tunis.@pauline_hillierpic.twitter.com/KbMHpBOuGh
A 55 ans, « comme mes auteurs » fait-il remarquer de sa voix posée, il poursuit l’aventure de La Manufacture des livres, maison d’édition indépendante qu’il a fondée seul en 2009. Et bien qu’il ait été rejoint par une « patronne », en charge de la diffusion, il y a quatre ans, et d’une attachée de presse il y a deux ans, Pierre Fourniaud a gardé son rythme de publication – dix romans et autant de non-fictions- chaque année.
Sa ligne éditoriale ? A défaut d’être claire, elle est « cohérente » assure-t-il : « ce sont des livres bien écrits ». On peut lui faire confiance pour savoir de quoi il parle : une envie précoce -et toujours ancrée- de vouloir être journaliste, des études de Lettres à la fac de Limoges puis Sciences-Po Paris, il s’est baladé un beau jour de 1993 dans les allées du Salon du Livre de Paris avec une pile de CV sous le bras. « C’était déjà un secteur promis à une perte de vitesse », s’amuse-t-il aujourd’hui.
Enthousiasme et réalisme
Quelques mois plus tard, la DRH d’Hachette lui propose le poste de commercial pour une société du groupe éditant des manuels scolaires en Afrique. Il passera 10 ans dans le groupe, tourné vers l’international. Alors que monte déjà en lui l’envie de devenir éditeur, sa hiérarchie lui prophétise une belle fin de carrière dans le commercial. Pierre Fourniaud les remercie et rejoint Le Seuil, toujours dans le commercial, puis La Martinière qui lui offre ses premières palpitations de dénicheurs de talents. Viennent les crises. Pour ce fils de bibliothécaire et d’institutrice, ce sera donc celle de la quarantaine. Ce besoin d’indépendance.
On connait la suite : en 13 ans, des auteurs comme Franck Bouysse, Benoît Séverac ou plus récemment Laurent Petitmangin ont été découvert par le quinquagénaire. « Je n’ai pas beaucoup de mérite car, contrairement aux grands groupes, je suis dégagé de toute pression », avoue-t-il en expliquant que sa principale « difficulté, c’est d’imprimer la bonne quantité ». Et pour le reste, « avoir de l’enthousiasme, toujours, mais être réaliste ». Pragmatique, le futur il l’imagine comme le passé, « avec Tiktok en plus » et surtout tant « qu’ouvrir une enveloppe avec un manuscrit me procurera toujours la même sensation d’excitation ». Alors qu’il assure ne pas être « dans une logique de transmission », pas la peine de lui parler de retraite. « Je l’ai prise à 40 ans », sourit-il.
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Par
Élodie Carreira
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