Où sont passées les très riches collections issues de la bibliothèque du musée des Arts et traditions populaires (ATP), transférées au musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) inauguré en juin 2013 à Marseille ? C’est la question que posent les quelque 120 chercheurs, universitaires, libraires, bibliothécaires, qui ont signé la pétition qui circule actuellement à ce sujet.
"L’Université française, de même que nombre de chercheurs étrangers, s’inquiète de ne plus avoir accès à ces collections uniques, en particulier les fonds de livres de colportage", alerte la chercheuse Lise Andries, initiatrice de la pétition. Les fonds de la bibliothèque du musée des ATP, vénérable institution créée en 1937 et installée dans le bois de Boulogne à Paris, ont rejoint les entrepôts du Mucem en 2012, mais la bibliothèque était fermée au public depuis déjà cinq ans et accessible seulement sur rendez-vous. Depuis, les chercheurs n’ont accès ni aux documents (97 000 volumes environ, dont le deuxième fonds en France après celui de la Bibliothèque nationale de France de livres de colportage), ni à leur signalement. Même les documents numérisés ne sont pas accessibles. "Le problème de fond est que le projet du Mucem est axé sur la Méditerranée, alors que les collections issues de la bibliothèque du musée des ATP sont bien plus larges que ce périmètre, souligne aujourd’hui Philippe Nieto, qui a été chef de service de la bibliothèque des ATP de janvier 2009 à mars 2012. Elles risquent de souffrir d’un manque de visibilité." N’ayant pas obtenu de réponse de la part du Mucem à leurs différents courriers, les chercheurs ont décidé de faire entendre leur voix via la pétition qui demande que "la riche collection d’imprimés et d’imagerie, livres, feuilles volantes, Bibliothèque bleue, almanachs, estampes, soit accessible sur place et en ligne". L’une des solutions souhaitées par les chercheurs serait le rapatriement de ces collections dans une bibliothèque qui aurait un fonds en cohérence avec les champs disciplinaires couverts. Mais cette option n’en est actuellement qu’au stade de la réflexion.
Véronique Heurtematte