En révélant des informations jusqu'alors invisibles à l'œil nu, la data permet d'ouvrir un nouveau champ d'expérimentation pour les éditeurs. « Cette nouvelle approche permet d'envisager les sujets autrement », assure Dorothée Cunéo, directrice de Denoël. Voire d'envisager de nouveaux sujets tout court, des objets littéraires non identifiés (Olni). Alors directrice littéraire chez Robert Laffont, elle publie dès 2011 Datavision de David McCandless. « Je l'ai eu pour une bouchée de pain. Il était sorti depuis quatre ou cinq ans mais personne n'avait acheté les droits », se souvient-elle. Sa publication sur le marché français lui donne une visibilité à l'international. « Les éditeurs étrangers ont commencé à m'envoyer leurs livres de data. » Les conservant précieusement, elle s'en inspire. Elle multiplie les achats et créations inattendues comme Geek : la revanche de Nicolas Beaujouan (Robert Laffont, 2013) ou L'Atlas des femmes de Joni Seager (2019), bible de l'évolution de la condition des femmes dans le monde. Aude Mantoux, éditrice à La Martinière, s'est emparée en 2019 de la culture générale avec l'insolite Cartomania d'E. Didal, un « auteur passionné qui collecte des données partout, sans cesse ». Face au succès de l'ouvrage, « réimprimé à plusieurs reprises », l'éditrice a publié l'an passé Cartomania France. Les sujets déclinables en data sont nombreux comme en témoigne le menu de cette année avec des titres comme La physique quantique en 101 infographies (Larousse), Les réseaux sociaux expliqués en infographies de Mounir Moustahlaf (Eyrolles), Sexographie : 90 cartes et infographies sur le sexe de Katapult (Nouveau monde), La littérature : une infographie de Alexandre Gefen et Guillemette Crozet (CNRS Éditions) ou encore L'atlas des espions de Bruno Fuligni (Gründ).