Nantes : exigence et éclectisme pour la première de L'Atlantide

Nantes : exigence et éclectisme pour la première de L'Atlantide

La première édition du festival des littératures de Nantes a attiré quelque 11 000 visiteurs en trois jours. Les conférences, très suivies, ont fait de l'ombre aux stands des libraires et des éditeurs.

avec mq, à nantes Créé le 28.01.2014 à 11h05

Alberto Manguel, directeur artistique du nouveau festival L'Atlantide, a remporté son pari de "construire à Nantes un festival différent des autres". Il y avait peu d'auteurs habitués des salons au programme de cette première édition, qui s'est déroulée à Nantes du 31 mai au 2 juin.

L'événement, conçu comme exigeant, presque élitiste, a attiré quelques 11 000 visiteurs selon les organisateurs : 5 700 personnes au Centre des Congrès, 4 800 au lieu unique et 500 au marché des bouquinistes, installé en plein air. Des chiffres honorables pour une première édition, qui a dû lutter contre un concurrent de taille, le beau temps.

Et un bon résultat, compte tenu du haut niveau des conférences. Durant certaines rencontres, très pointues, il est difficile de suivre si l'on n'a pas lu les ouvrages des auteurs interrogés. Résultat : les écrivains davantage grand public (le Français Patrick Deville, l'Albanais Ismaël Kadaré, ou encore le Portuguais Gonçalo M. Tavares, qui a remplacé au pied levé son compatriote Antonio Lobo Antunes) ont rassemblé 120 personnes. Alors que les rencontres et les lectures d'oeuvres moins connues ou moins actuelles, comme la discussion autour d'Ovide avec le poète Denis Montebello, ont peiné à dépasser la cinquantaine de spectateurs. Autre bémol : les discussions n'étaient pas forcément construites en rapport avec le thème annoncé, celui des "mythes dans le présent".

Mais le festival est parvenu à créer un véritable lien entre la littérature et les diverses formes artistiques (théâtre, cinéma, musique, art plastique). Les spectateurs ont pu apprécier l'humour décapant de la romancière canadienne Antonine Maillet, prix Goncourt 1979. Ou encore la discussion entre l'écrivain espagnol Javier Cercas, auteur des Soldats de Salamine (Actes Sud), et Patrick Deville, prix Femina 2012 pour Peste et Choléra (Seuil), autour de la "manière dont ils font du mythe un matériau romanesque".

Le festival a accordé une grande place au cinéma. Le dialogue autour du "mythe de Hollywood" a convoqué Greta Garbo, Marlene Dietrich, Lauren Bacall, Ingrid Bergman ou encore Brigitte Bardot, et quelques célèbres répliques de film. Déception cependant pour l'exposition de Mark Rappaport sur ce thème avec un simple diaporama de ses collages sur grand écran.

Les libraires dénoncent un manque de visibilité

L'exposition "Vues d'ici", un album dont chaque planche est reliée à la manière du cadavre exquis, et "Chercher la caisse à bulles", sur les techniques de typographie, ont été plus appréciées. Au Lieu Unique, des performances théâtrales et musicales ont eu lieu, comme "Le Vertige", un ovni artistique avec l'auteure Olivia Rosenthal et la trapéziste Chloé Moglia.

Une douzaine de libraires et près de 90 éditeurs étaient présents. Mais pour beaucoup, le festival a été décevant "par rapport à [leur] travail de sélection des livres". Les stands ont surtout attiré des gens venus "prendre la température", et peu ont acheté des livres.

Les libraires déplorent une mauvaise organisation : "Les séances de dédicaces n'ont pas été mentionnées dans le programme, alors qu'elles font partie des choses que les gens viennent chercher dans un salon." Certains soulignent le rythme effréné des conférences, qui laisse peu de place aux balades dans les stands.

L'édition 2014 se déroulera du 16 au 18 mai et sera consacrée a la nature, à la fois au sens écologique et humain. Boris Akounine, Amos Oz, Pascal Quignard et Enrique Vila-Matas ont déjà annoncé leur présence.

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