Par une belle journée d'été, un garçon accompagne son grand-père pour faucher l'herbe qui nourrira les animaux. Ils se lèvent tôt, la brume nimbe encore la rivière. Que c'est beau ! Peu à peu, la lumière d'été inonde le champ. Grand-père chante une vielle chanson chinoise tant il est heureux. Il apprend à son petit-fils les bons gestes pour faucher et, à l'heure de la sieste, lui construit un abri de fortune en herbe pour qu'il puisse y faire un petit somme à l'ombre. Mais bientôt le vent se lève, le mauvais temps s'annonce. Soudain le ciel devient une menace, se pare de gris puis de noir. Vite ! On a tout juste le temps de charger l'herbe sur la charrette. Un brusque coup de vent violent manque de provoquer une catastrophe. Seule la présence d'esprit du petit garçon permet d'échapper au pire. Mo Yan, Nobel de littérature, a imaginé une histoire simple, éternelle, celle de l'homme aux prises avec les éléments et les saisons. Une affaire aussi de courage et d'espoir. L'échange de paroles entre les deux protagonistes est minimal, comme si ces deux-là se comprenaient par-delà le langage.

Quant à l'illustrateur Zhu Chengliang, on est ébloui devant son coup de pinceau qui dit si bien le ciel, la terre, l'herbe, le vent. Les changements de lumière sont particulièrement bien rendus. Chaque geste banal de la besogne quotidienne de la vie paysanne est magnifié par sa peinture. Dans cet album sur la condition de l'homme livré au déchaînement de la nature, la sobriété du trait et du verbe a un pouvoir d'évocation puissant !