Comme d’hab’.
Voilà c’est la rentrée, les soirées photos pour célébrer ses vacances (pour moi c’était Kenya, chic, non ?) en faisant bisquer les copains, les chiards qu’on a rendu aux profs histoire de respirer un peu et, bien sûr, la rentrée littéraiiiiire. Manque de pot, pas la queue d’une polémique à l’horizon. Houellebecq reste chez Fayard, Angot fait l’unanimité et Nothomb a pondu son petit œuf comme à toutes les rentrée. J’ajouterai, ce n’est pas pour me vanter, que Mauvignier ( Dans la foule , superbe), s’il n’a pas encore le Goncourt comme je vous l’annonçait le premier, c’est à dire avant Beigbeder et avant les vacances (Le Goncourt 2007 au foot), a déjà reçu le prix du roman Fnac alors que son livre ne sort que le 13 septembre. Je vous prend le pari que son dernier roman sera dans la deuxième liste des Goncourt, vous verrez.
Quoi de neuf ?
La percée tonitruante des Bienveillantes de Jonathan Littell. Un petit nouveau (on connaissait son père ex-CIA réfugié en France, écrivain lui-même) qui démarre chez Gallimard (ça rime) avec un pavé de 912 pages. Oui, je sais c’est un peu injuste : ceux qui vont ou ont déjà acheté (er) le bouquin ne sont pas près d’en racheter un autre avant un certain temps…. Gallimard, tel Mammouth écrase les Prix et ses concurrents. Les médias (journaux, radios) ont présenté leurs listes des meilleurs livres de la rentrée, rien de vraiment nouveau. Votre serviteur s’est – un peu - ennuyé en lisant le Rick Moody, marré en lisant le Pavel Hak, a regretté que ses ex-confrères critiques confondent le dernier Yasmina Khadra, Les sirènes de Bagdad , avec l’avant-dernier ( L’attentat ). Business as usual (traduisez : rien de nouveau sous le soleil).
Si je fais ainsi la fine bouche sur cette rentrée, c’est que j’attends avec une impatience que vous n’imaginez pas, la prochaine : MA rentrée. Je devrai dire mon entrée. Car depuis sept mois que je vais répétant : je deviens éditeur, je deviens éditeur, voici que début janvier paraîtra mon premier livre : Allumer le Chat de Barbara Constantine. J’apprends les délais de l’édition qui n’ont rien à voir avec ceux du journalisme. Je me gratte la tête, manuscrit remis et approuvé, sur les dix lignes qui doivent donner envie d’acheter ce premier roman (faire court qu’ils disaient dans les journaux, ouais, essayez de résumer un tel livre en dix lignes !). Je tremble six semaines à l’avance pour la réunion des représentants. Je fais des pieds et des mains pour obtenir une couverture par un maître du dessin. Je sensibilise quelques auteurs et bientôt, là ça fait tout drôle, mes ex-confrères pour qu’ils ne ratent pas le coche (je me suis réservé le rôle de la mouche). Je rêve de ventes colossales, faites uniquement de vrais lecteurs, de critiques dithyrambiques et de Nobel de littérature. Bien, le jour je deviens fou et mes nuits basculent de rêves en cauchemars. Dire que je rêvais de matins calmes…
Pétition
Sachant qu’il est déjà interdit d’emporter un livre dans un avion à destination des Etats-Unis (saine définition du terrorisme puisque la littérature est par essence subversive), ne laissons pas faire un autre mauvais coup contre les lettres. Dans son numéro de rentrée, le Nouvel Obs publie un « ours » scandaleux ! L’ours en jargon journalistique c’est ce court article écrit en tout petit que ne lisent jamais les lecteurs mais toujours les journalistes : la liste des noms et fonctions des collaborateurs d’un canard. Or qu’observons-nous ? Dans l’armée mexicaine de notre illustre confrère il y a un directeur (Jean Daniel, normal), deux directeurs de la rédaction (Joffrin et Lafaurie), trois directeurs délégués, deux directeurs adjoint (dont Jérôme Garcin qui a la haute main sur la culture), un directeur général adjoint, douze rédacteurs en chef, dix rédacteurs en chef adjoint, douze grands reporters, j’en passe et des plus beaux. Mais surtout le service politique, sur six journaliste, compte à lui seul, deux rédacteurs en chefs, trois rédacteurs en chef adjoints, et un grand reporter ! Si les autres services sont aussi bien fournis en chefs en tous genres, un seul service ne compte que des hommes de troupe, de la piétaille, de la valetaille : le service lettres même s’il compte en ses rangs quelques académiciens de diverses obédiences. Signez donc ma pétition et adressez la à Jean Daniel : Nommez des chef aux lettres, sinon ça va devenir le bazar ! Ce n’est pas le choix qui manque : Bernard Frank, noble, Dominique Fernandez, chic, Jean-Louis Ezine, de qualité, Frédéric Vitoux, couvert de prix, Mona Ozouf, historienne de renom, sans oublier ceux que l’on connaît moins et qui méritent justement de le devenir en étant nommé rédacteur en chef, rédacteur en chef adjoint, grand reporter, critique de bonne et de mauvaise foi. Mais que le scandale cesse ! Au nom de la littérature de plus en plus rabaissée, M. Daniel faites quelque chose!