La RDA continue d'être un formidable territoire pour l'imaginaire. Pensez, une dictature allemande sans nazis ! Dans l'après-guerre, elle apparaissait comme un modèle du système communiste. On sait ce qu'il en fut... Dans ce roman qui s'est vendu à plus de 350 000 exemplaires en Allemagne, Eugen Ruge reprend l'histoire sur trois générations, la durée à peu de chose près de la RDA, d'une famille russo-allemande.
Il y a les grands-parents exilés au Mexique pendant la Seconde Guerre mondiale, qui reviennent bâtir le socialisme dans les années 1950. Et puis Kurt, le père historien, avec Irina, son épouse d'origine russe, qui parle toujours aussi mal la langue de Goethe. Enfin, Alexander, le fils qui retourne au Mexique à la recherche d'une trace depuis longtemps effacée.
Eugen Ruge utilise une écriture au cordeau pour dire la décomposition d'un monde, d'une famille, d'une vie. Quand la lumière décline est un roman crépusculaire, avec des scènes plus vraies que nature et où il est souvent question de cornichons, la cucurbitacée reine des pays de l'Est.
Cet ancien mathématicien a du talent pour raconter ces espoirs balayés et ces rêves évanouis. Il est né dans l'Oural en 1954. En 1988, un an avant la chute du Mur, il passe à l'Ouest et se consacre à l'écriture, comme traducteur du russe et pour ce premier roman, qui s'inspire largement de son histoire familiale. Il fut acheté par Les Escales, la maison littéraire du groupe First-Gründ, à la Foire du livre de Londres de 2011, avant qu'il ne remporte le Deutscher Buchpreis, l'équivalent du Goncourt outre-Rhin. On parle de lui comme d'un "Alexis Jenni allemand". C'est un peu mieux que cela...