La grande famille des écrivains déjantés américains compte dans ses rangs un membre méconnu en France. Seul Robert Laffont avait fait traduire Le livre des révélations en 1982 dans la collection "Ailleurs et demain". Grâce aux éditions Cambourakis, on va pouvoir se familiariser avec l’univers farfelu de Rob Swigart grâce à un ouvrage de 1977, Little America.
Il existe bien une station-service sur l’autoroute 80, près de Granger, dans le Wyoming, mais celle de Rob Swigart est une pure invention. C’est là, dans la plus grande station-service du monde avec plus d’une centaine de pompes, que rêve de travailler son héros. Orville Hollinday est né "au cœur d’une nation de roues dans un monde de roues". Il n’a nulle envie d’aller à Harvard pour y étudier la comptabilité et le russe afin de faire plaisir à son père, patron de la Hollinday Industrial Pharmaceuticals Inc. Un père qui, quand il était enfant, le traitait de "toute petite mauviette" tant il faisait déjà son désespoir. Orville a eu une solide envie de tuer "Senior" dès l’adolescence. Et il a même essayé de passer à l’acte.
Après Yale et un passage sous les drapeaux, Orville n’en démord pas. Et pense toujours à avoir son propre "îlot" avec ses pompes, ses pistolets à essence, un présentoir pour l’huile, le liquide à essuie-glaces et l’antigel. Plus que jamais, son slogan est "Little America pour la vie, cœur de la nation, carrefour du monde" !
Manifestement très doué pour la farce et la satire, Rob Swigart signe un roman, bringuebalant et réjouissant, qui ne manque pas de morceaux d’anthologie et risque de provoquer force fous rires. Al. F.