Plus que comme un éditeur, Frédéric Claquin, gérant de Plan 9 Entertainment, se considère comme un créateur de contenus. Avec une particularité : il se passionne pour les arts graphiques alternatifs, et plus spécialement pour le tatouage, pratique ancestrale hissée au rang d’art qui entre dans les librairies et dans les musées. Cet auteur-éditeur vient de lancer une collection de monographies d’artistes tatoueurs, mais pas seulement. Baptisée "Arttitude Bootleg", elle a vu le jour sur la plateforme de financement participatif KissKissBankBank. Le premier volume, consacré à l’illustrateur Bruno Leyval, est paru au début de mai grâce à une collecte de fonds de près de 3 000 euros. "Je suis un adepte du circuit court, explique Frédéric Claquin. L’idée est d’autoéditer les livres et de les distribuer directement via mon site ou via un petit réseau d’une vingtaine de librairies indépendantes et concept stores qui sont ravis d’avoir des produits exclusifs qui ne sont ni à la Fnac, ni sur Amazon." Plusieurs librairies, dont Elkar à Bayonne, ont déjà donné leur feu vert pour accueillir les titres à venir.
Mais il n’a pas toujours fait cavalier seul. Entre octobre 2011 et octobre 2013, l’éditeur a publié cinq livres chez Herscher, filiale de Belin qui a depuis cessé toute activité. "A l’époque, il n’y avait aucun livre qui puisse plaire à la fois aux férus de tatouage et aux néophytes. Nous, nous ne faisons pas des bouquins de tatoués pour les tatoués, nous nous adressons à tout le monde", explique Frédéric Claquin dont la peau était vierge de toute encre lors de la parution de Tattooisme, le premier livre qu’il a écrit avec Chris Coppola. Tiré à plus de 6 000 exemplaires en France, l’ouvrage est publié aux Etats-Unis au début de l’année 2013 par Schiffer Publishing. Paraissent ensuite Tattooisme 2 ainsi que deux volumes dans la série Arttitude, qui présente des artistes contemporains venus des contre-cultures.
Sublimer par le papier
Se décrivant volontiers comme un "touche-à-tout 2.0", Frédéric Claquin est un amoureux du support papier qui aime bousculer les codes du beau livre et les réseaux de diffusion habituels. "J’aime l’idée de sublimer un art millénaire grâce au papier, mais nous ne devons pas traiter le livre comme un support archaïque", souligne-t-il. Ainsi, sur les pages des livres de la série Arttitude, les lecteurs trouvent des flashcodes renvoyant vers des contenus numériques tels que des vidéos de performances ou des interviews d’artistes.
Par ailleurs, lorsqu’il a commencé à travailler avec Herscher, Frédéric Claquin a démarché lui-même des petites librairies indépendantes et des concept stores. "Ces lieux jouent un rôle prescripteur très fort. Le fait d’être en vente chez Colette, par exemple, peut déclencher une réaction en chaîne et ça, c’est un modèle de communication qui n’est pas ou peu utilisé par les éditeurs traditionnels", rappelle l’entrepreneur qui ne ferme pas la porte à une nouvelle aventure éditoriale pour faire vivre son catalogue.
Souen Léger