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Lattès : la liste de leurs succès

Lattès : la liste de leurs succès

Lattès engrange best-seller sur best-seller, et se taille une place au soleil en littérature française. Radioscopie d'une maison qui s'est imposée en restant fidèle à une politique généraliste.

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Par Catherine Andreucci
Créé le 07.10.2014 à 14h05 ,
Mis à jour le 09.10.2014 à 16h09

Laurent Laffont- Photo OLIVIER DION

Depuis la dernière rentrée littéraire, Delphine de Vigan n'a pas quitté le palmarès des meilleures ventes avec Rien ne s'oppose à la nuit. En février, Grégoire Delacourt l'a rejointe avec La liste de mes envies, encore à la 6e place des meilleures ventes de romans après 20 semaines de présence. Après la performance de la biographie de Steve Jobs par Walter Isaacson, l'autobiographie de Rafael Nadal a remporté les suffrages en pleine saison de Roland-Garros... La liste des récents succès de Lattès ne cesse de s'allonger.

Isabelle Laffont- Photo OLIVIER DION

Au terme d'une année faste, la maison, filiale d'Hachette Livre, dirigée depuis 1995 par Isabelle Laffont aborde la rentrée avec sérénité et gourmandise. Menée par Karina Hocine (voir encadré), la collection de littérature française est désormais bien installée dans le paysage et, cet automne, il faudra compter avec Serge Bramly (prix Interallié 2008 pour Le premier principe, le second principe), Maryse Condé, Carl Aderhold, Hervé Bel et un premier roman. Car l'éditeur, qui a longtemps été cantonné dans une image grand public, a gagné ces dernières années ses galons littéraires. "Cela a pris du temps, admet Isabelle Laffont. Des critiques parisiens nous disaient que nous n'étions pas assez littéraires. On a tenu bon contre le snobisme d'une petite clique parisienne, et montré que la maison avait des convictions. Aujourd'hui, des auteurs littéraires viennent vers nous et les livres de Lattès sont regardés avec intérêt, alors qu'ils suscitaient le scepticisme quand nous sommes arrivés."

Ouverture sur la vie

Karina Hocine- Photo OLIVIER DION

Si le succès d'estime est assez récent, le public, lui, est depuis longtemps au rendez-vous. "Nous sommes restés fidèles à notre conception de l'édition : une grande ouverture pour apporter des plaisirs de lecture à des lecteurs différents, avec le soutien des libraires et du public", précise Isabelle Laffont. La politique éditoriale est demeurée généraliste, mêlant romans français et étrangers, grand public et plus pointu, documents et beaux livres... "Nous restons proches de la conception de notre père : une ouverture sur la vie", résume la fille de l'éditeur Robert Laffont, qui travaille avec son frère Laurent et dit fonctionner aux coups de coeur.

Un flair qui lui a permis de décrocher le pactole avec Da Vinci code de Dan Brown, acheté sur manuscrit, et qui a décuplé la force de frappe commerciale de Lattès sans modifier son fonctionnement, ni le nombre de titres publiés (90, dont la moitié au Masque). "J'ai eu très peur avec ce succès, confie Isabelle Laffont. J'avais le souvenir de la façon dont le succès de Papillon avait modifié l'image de Robert Laffont, plaçant la maison dans la catégorie grand public." Finalement, "ce fut un énorme accélérateur de notoriété, et nous avons su montrer que nous étions aussi fiers de publier Dan Brown qu'un auteur français moins connu. »

Derrière ce "nous", il y a une équipe de 25 personnes menée, depuis l'arrivée d'Isabelle Laffont à la tête de la maison, par le « triumvirat » qu'elle forme avec Laurent Laffont et Karina Hocine. Chacun a ses domaines de prédilection, mais "il n'y a pas de terrain réservé", affirme Laurent Laffont, qui mène le secteur des documents avec un penchant pour la "narrative non fiction", et "les livres qui essaient de retisser des liens, qui font sourire, un peu à contre-courant". Il ajoute : "Le comité de lecture est extrêmement féminin. C'est peut-être ce qui fait que la fonction plaisir de lecture est plus forte que la fonction idéologique. La maison est très ouverte, on fait participer beaucoup de jeunes stagiaires, qui nous renseignent sur l'évolution des goûts."

Le travail se fait en équipe, dans une atmosphère quasi familiale. A titre d'exemple, le livre de Grégoire Delacourt est arrivé par le biais de Jean-Louis Fournier, ami de Laurent Laffont. Karina Hocine l'a édité, et Eva Bredin, responsable des droits étrangers (mais aussi du domaine scandinave), a fait monter la sauce lors de la dernière Foire de Francfort, avant même sa parution.

Un millier de services de presse

Le directeur commercial Philippe Dorey, lui, fait des tours de France des libraires. Ancien libraire lui-même, il prend un soin particulier à aller visiter ceux qui voient trop rarement les représentants. Et à chaque rentrée littéraire, un millier de services de presse sont envoyés aux journalistes et aux libraires. "En tant qu'éditrice, je suis très attentive à favoriser les acteurs traditionnels qui font le succès d'un livre", souligne Isabelle Laffont, qui laisse la réflexion sur le numérique au groupe Hachette : "Pour l'instant, je ne prends pas les devants." En revanche, elle s'adapte aux difficultés du marché du papier et a lancé, en début d'année, une "Petite collection" de semi-poches à 12,50 euros pour des romans féminins grand public inédits, inspiré des "B format" anglo-saxons.

Après une année 2011 qui a vu le chiffre d'affaires net progresser de 11 % (à 11 millions d'euros), 2012 s'annonce prometteuse. La maison compte beaucoup sur L'art du jeu de Chad Harbach, acheté sur manuscrit et paru fin mai, qui a récolté les louanges du Monde des livres et des Inrockuptibles. Après la sortie mondiale de la biographie de Mick Jagger par Christopher Andersen le 4 juillet, l'automne verra paraître Les lettres de John Lennon par Hunter Davis, Les manuscrits de Tombouctou de Jean-Michel Djian, mais aussi le premier volume de la saga érotique de E. L. James, 50 nuances de Grey, qui fait un tabac aux Etats-Unis. Sans oublier, en octobre, la refonte du Masque.

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