On ne trouvera plus le même arbre près de la place de la République à Paris. Situé au 35, boulevard du Temple (Paris 3e), L'Arbre à lettres s'est transformé, depuis le 1er octobre, en Acacia. Ce changement de dénomination traduit, pour la librairie, sa sortie du réseau créé par Martine Dantin et Patrick Binet à l'occasion de sa reprise par Jean-Paul Vecchioli et Sandrine Langelus, sa compagne. Si cette dernière, graphiste de formation, est une nouvelle venue dans la profession, Jean-Paul Vecchioli dispose, lui, d'une solide expérience. Travaillant depuis 1990 à L'Arbre à lettres, il était depuis 2007 chargé de la communication de l'enseigne qui compte trois autres librairies à Paris (dans le 5e, le 14e et le 12e).
Dégagés des contraintes d'enseigne qui imposent une homogénéité entre les magasins, les deux nouveaux gérants ont déjà procédé à des réajustements structurels. Après s'être séparés de l'ancienne équipe, ils ont embauché une libraire en CDI et une autre en contrat d'alternance, ramenant de 5 à 4 le nombre d'emplois. Ils entendent ainsi adapter les charges d'exploitation au chiffre d'affaires, de l'ordre de 700 000 euros en 2011... contre 950 000 euros en 2007 et 2008. Comme l'explique Jean-Paul Vecchioli, la librairie qui a dû rester fermée pendant huit mois en 2009 suite à un incendie n'a jamais retrouvé ses niveaux d'activité passés alors que sa masse salariale était restée la même. Confiant dans le potentiel de l'établissement, le couple, qui a dû faire face à un investissement d'environ 250 000 euros (dont 180 000 euros pour la reprise du fonds de commerce), entend aussi relancer l'activité. Il parie notamment sur la mise en avant des textes (sur les vitrines, les murs...), la qualité de l'accueil et la disponibilité des libraires auprès des clients. Il espère aussi profiter du réaménagement de la place de la République avec de grands espaces piétonniers et envisage, déjà dans ce cadre, d'ouvrir le dimanche. Du côté vendeur, Martine Dantin se montre satisfaite de cette reprise soutenue par l'Adelc et le CNL. «C'est un nouveau départ pour la librairie que nous n'avions plus les moyens de garder mais qui a sa raison d'être", argumente-t-elle. Cette cession s'inscrit aussi dans la perspective de son départ à la retraite programmé en 2013 et la nécessité de trouver des solutions d'avenir pour chacune des librairies de l'enseigne.