À l’heure qu’il est je devrais être en train de me faire arnaquer dans le souk de Marrakech, en train de montrer à mon fils les serpents élevés, seulement voilà le personnel naviguant d’Air France en a décidé autrement. Pour la peine : je ne fantasmerai plus jamais de ma vie sur la moindre hôtesse de l’air. Je n’ai pas d’autres moyens de me rebeller. Ce n’est pas Françoise Dorléac dans « La Peau douce » qui m’aurait fait ça. Ce week-end, j’ai annulé mon passage à Brive, au grand désespoir de mes admiratrices. Aujourd’hui, il y avait un article dans le Parisien évoquant le fait que « les vedettes n’étaient pas au rendez-vous ». Oui, je sais… Mais franchement, je n’avais pas le courage d’un nouveau salon. C’est la première fois que j’annule quelque chose en cinq ans. Mon ami Pierre, chez Gallimard, s’est inquiété. Ça sentait la dépression. Ou pire : la tendinite du poignet. Je lis quelques pages de « Travailler fatigue » de Pavese, alors que moi c’est la fatigue qui me travaille. Je lis aussi le livre de Mathias Malzieu « La mécanique du cœur » chez Flammarion. L’histoire : Jack naît grâce à une étrange sage-femme. C’est le jour le plus froid du monde. Son cœur est gelé. La sage-femme décide de remplacer le cœur par une horloge. Seul problème : l’enfant ne devra jamais tomber amoureux. Quelle histoire, non ? Beaucoup de poésie, entre un film de Tim Burton et une nuit d’amour avec moi. J’ai renoué avec les trois vœux pour lui. Nous avons en commun Michel Gondry. Avec ma page myspace (que je suis jeune), je reçois pas mal de messages. Parfois des demandes d’interview. Étant poli, je dis souvent oui. Sans même vraiment vérifier de qui il s’agit. Il y a peu une fille dont le surnom est Wrath (tiens, je la verrais bien dans le livre de Malzieu) me fait une demande que j’accepte. Le jour J, je vois qu’il s’agit d’un entretien filmé. En fait, c’est ce qu’on appelle un podcast, allez savoir ce que c’est. Mais le problème de ce genre d’interviews, c’est que ça reste une éternité en ligne. Pas comme la Une du Figaro qui finalement ne dure qu’un jour. Et je ne savais pas que le but de ce genre d’entretien est aussi d’énerver l’interviewé, pour donner envie de voir la vidéo. Eh bien cette fille a réussi. Ce qui est fort. Car pour m’énerver, il faut se lever tôt ; je dirais même qu’il faut se lever la veille au soir. Elle ne cessait de me poser des questions sur les chiffres de vente, et sur les pistons pour être publié. Elle ne voulait pas me croire quand je disais avoir envoyé mon livre par la poste. Il faut penser à ça : être capable de prouver qu’on n’est pas pistonné. Car, à ses yeux, tout le monde est coupable ! Tout le monde l’exclue, la pauvre petite. Elle parle de Jean-Baptiste Gendarme, et fait la moue. Elle dit que tout s’explique car il a fait un stage aux Editions du Dilettante. Conclusion : si vous voulez vous faire publier à la NRF, faîtes un stage au Dilettante ! Ça marche ! Nous sommes tous des pourris. Et maintenant que je viens d’avoir 33 ans, il est d’ailleurs tant de me crucifier. Ou peut-être elle d’ailleurs, car je vois sur son site qu’elle se fait beaucoup critiquer pour avoir été très méchante avec moi, snif. *** Les trois vœux de Mathias Malzieu : 1 – Que mes livres soient adaptés en film par Michel Gondry. 2- Avoir une cabane dans un arbre au bord de l’océan. 3- Y mettre la femme que j’aime et tous les enfants que nous aurons.