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La femme d’à côté

Armel Job - Photo Philippe Matsas/Opale

La femme d’à côté

Le neveu d’une défunte morte subitement dans un bourg wallon culpabilise de n’avoir pas recueilli le secret qu’elle souhaitait lui confier. Armel Job signe un mystère d’une rare finesse psychologique.

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Par Sean James Rose
avec Créé le 19.01.2018 à 12h19

"Il y a des histoires qu’on préfère ne pas entendre. […] A quoi bon remuer le passé, dévoiler ce qui a été si soigneusement occulté, rouvrir les plaies." La voix de celui qu’on entend en incipit d’Une femme que j’aimais est celle d’un vieux garçon - vieux garçon de presque 30 ans qui travaille à la pharmacie et dédie son temps libre beaucoup au ciné-club, un peu à la pêche. Claude n’arrive pas à faire comprendre à ses parents qui s’inquiètent de son éternel célibat que ce n’est pas là qu’il allait trouver l’âme sœur : "Les fiancées potentielles étaient des gamines de quatorze ans, qui se fagotaient dans des robes comme des peaux de saucisson, façon Eva Herzigová. Malheureusement, on n’avait pas inventéle push-up pour le cerveau." Non, rien ne se passe à Vieusart, c’est "un bled tellement perdu que même les voleurs en vadrouille sur l’autoroute estiment qu’il ne vaut pas le détour". Pour les parents qui s’étaient connus à la Joc - Jeunesse ouvrière catholique -, de toute façon, la pendule s’est arrêtée dans les années 1950. Rien ne se passe à Vieusart. Un jour cependant, un événement survient, qui trouble le fleuve tranquille de l’existence du narrateur. Adrienne, la belle Adrienne, "la seule personne qu [il] aimai[t] rencontrer", la veuve du frère aîné de son père, le boucher qui avait réussi (il avait acquis la belle villa Circé), contrairement à ses parents demeurés sans le sou, meurt d’un arrêt cardiaque subit. C’est lui qui découvre le corps. Passé maître en thrillers psychologiques (Et je serai toujours avec toi, drame sur l’irruption d’un inconnu dans la vie d’une veuve un peu mystique, Robert Laffont, 2016 ; En son absence, même éditeur, 2017, sur la disparition d’une adolescente de 15 ans), Armel Job aime à ourdir des intrigues qui prennent racine dans la part d’ombre des êtres. Ici encore, il signe un mystère d’une rare finesse et nous plonge dans les vies minuscules d’un bourg de Wallonie, nous entraînant dans les ténébreux méandres d’une femme à la panoplie sociale apparemment sans un pli. Adrienne, peu avant son décès - on s’aperçoit qu’elle a eu la nuque brisée -, souhaitait faire une confidence des plus intimes à Claude. Le neveu s’en veut de ne l’avoir pas écoutée. Il mène l’enquête comme une "une sorte de mission", car "la vérité a ses droits, mais le secret n’a-t-il pas les siens ?". S. J. R.

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