CESSATION DE PAIEMENT

L'enseigne Virgin, gare de Lyon, à Paris.- Photo OLIVIER DION

«C'est une très mauvaise nouvelle pour l'ensemble de la filière", analyse le président du Syndicat de la librairie française (SLF), Matthieu de Montchalin. L'enseigne Virgin, qui a réalisé en 2011 un chiffre d'affaires global de 280 millions d'euros dont plus de 80 millions dans le livre avec une part de marché de 2 % à 3 %, a déposé son bilan le 9 janvier au tribunal de commerce de Paris. Cette déclaration de cessation de paiement lui permet de geler les procédures judiciaires engagées pour cause de loyers impayés par les bailleurs de 18 de ses 26 magasins. Dans une note d'informations interne, Virgin fait état de plus de 20 millions d'euros de dettes échues au 2 janvier 2013, dont des loyers, mais aussi des achats de marchandises... Dans le secteur du livre, où les délais de paiement sont au minimum de 60 jours, l'impact serait "de plusieurs millions d'euros", anticipent déjà diffuseurs et éditeurs, avec pour les plus petits d'entre eux des risques de déstabilisation forte.

Confortés par l'attention récente que leur a accordée la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filipetti, qui a reçu à la fois les syndicats et la direction du groupe, les salariés veulent encore croire à une solution d'avenir. Toutefois, la gravité de la situation laisse certains dubitatifs. "Plus on découvre la réalité économique de l'entreprise, plus l'espoir d'une solution s'éloigne, estime Sylvain Alias, élu Sud. Au mieux, peut-on raisonnablement espérer un démantèlement avec une reprise de certains magasins..."

Au-delà de l'impact de la crise des marchés du CD et du DVD, sur lesquels l'enseigne était à l'origine fortement positionnée, les syndicats dénoncent les choix stratégiques réalisés par les dirigeants et l'insuffisance des investissements accordés par Butler Capital Partners, actionnaire depuis 2008 à hauteur de 74 % du capital.

Réfutant l'idée selon laquelle les difficultés de Virgin seraient dues avant tout à la concurrence des produits dématérialisés et annonceraient la fin de la distribution des produits culturels en magasin, Pierre Coursières, à la tête du Furet du Nord, assure qu'aucune fatalité ne pèse sur le secteur. Selon lui, «le livre fait plus que résister et, pour peu que le mix-produit soit pertinent, les clients répondent présents. L'enjeu est plutôt de faire comprendre aux bailleurs la nécessité d'adapter leurs charges locatives à notre économie".

15.04 2015

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