Grâce à une subvention du Fonds européen d’intégration très importante (environ 250 000 euros), la Bibliothèque nationale de France (BNF) a mené au cours de l’année écoulée trois projets d’envergure en direction de personnes éloignées de la culture. Si l’établissement œuvre depuis plusieurs années déjà dans ce sens, ces dernières expériences se distinguent par leur ampleur. "Le soutien européen a rendu possibles des réalisations qui permettent une diffusion des actions menées", souligne Bruno Racine, président de la BNF.
Le travail avec l’association Décider et avec des habitants, en particulier des jeunes de Grigny, dans l’Essonne, a abouti à la création d’une exposition sur la citoyenneté présentée dans différents lieux, dont Blois, lors des Rendez-vous de l’histoire. Le livre Mémoires de Chibanis est né quant à lui des Ateliers d’écriture Elisabeth Bing, menés auprès des habitués du Café social, où se retrouvent dans les 20e et 18e arrondissements de Paris les migrants âgés (chibanis signifie "cheveux blancs" en arabe). Les participants y retracent l’histoire de leur arrivée en France et leur découverte de la société française.
Le projet "Sortir de l’isolement par la culture", élaboré en partenariat avec l’association Adage, avait pour objectif d’aider des femmes étrangères en grande difficulté vers l’insertion sociale et professionnelle, en menant une réflexion autour des codes sociaux. Dans un film, écrit, réalisé et joué par les femmes elles-mêmes encadrées par une réalisatrice, les personnages racontent avec humour des malentendus provoqués par leur méconnaissance de la langue et de la culture françaises. Un ouvrage, Codes sociaux, liens et frontières, rassemble les réflexions de spécialistes et les écrits de ces femmes. Tous les projets associaient des visites des collections de la BNF et des ateliers sur place.
Véronique Heurtematte