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JO 2024 : en zone rouge, les librairies en déroute

Protocole de sécurité renforcé pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris. - Photo Riccardo Milani/Hans Lucas via AFP

JO 2024 : en zone rouge, les librairies en déroute

En avril 2024, Livres Hebdo avait interrogé des libraires parisiens sur leur ressenti à l’approche des Jeux olympiques et paralympiques de Paris. À la veille de la cérémonie d’ouverture, alors que tout se concrétise, ils reprennent la parole… Et livrent un constat peu engageant.

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Par Léon Cattan
Créé le 25.07.2024 à 13h59 ,
Mis à jour le 26.07.2024 à 11h39

Ils nageaient en plein doute en avril, les voilà fixés. Alors que les Jeux olympiques et paralympiques de Paris donneront leur coup d’envoi le 26 juillet, certains libraires gagnent en certitudes… et perdent leur clientèle. Un constat préoccupant, mais anticipé par certains commerçants établis aux abords des sites olympiques.

« Tout ce qu’on perd, on ne le regagnera pas. »

Au 176 Rue de Grenelle, Antoine Berriche, de la librairie Le Parchemin (75007), parle d’une « véritable catastrophe ». Après une première annonce qui plaçait son quartier en zone bleue, il apprend dès le lendemain qu’il sera dans le rouge, soit le périmètre dans lequel la circulation motorisée est interdite. « Tout est fermé, les rues, les parkings, les terrasses, les bus ne passent plus, les QR codes ne fonctionnent pas ... », souffle-t-il. « Ils ont privatisé l’espace public. Mes clients sont donc partis et je déstocke en masse avant mon départ en vacances. »  Il ajoute : « Même les billets de trains sont hors de prix. C’est un privilège de pouvoir quitter la ville. » Va-t-il demander une indemnisation à la commission dirigée par Dominique Laurent, précisément créée pour évaluer le préjudice financier occasionné par les Jeux ? « Je n’y crois pas trop. Comment vont-ils pouvoir rembourser tout le monde ? Tout ce qu’on perd, on ne le regagnera pas. »

Même son de cloche à la librairie Vincent, située près de la station de métro École Militaire. Après avoir réfléchi longuement à la date de ses congés, Vincent Facta a préféré les poser au moment des Jeux. « C’est trop le bazar, ça ne sert à rien de lutter. Ce n’est pas rentable de rester ouvert, il n’y aura personne. Les parisiens ont fui, et même si on nous avait promis du monde, les gens n’arrivent pas à nous atteindre à cause de tous les embouteillages et des rues bloquées. »

Une désertion en masse des Franciliens

Ce n’est pas son voisin Olivier G., de la librairie Pierre-Adrien Yvinec, qui dira le contraire. Pour lui, l’enseigne part déjà avec un désavantage du fait de sa spécialisation dans les livres rares. « Certains touristes passent et feuillettent nos titres, puis ils réalisent que ce sont des ouvrages anciens, et là, c'est au revoir ! On a l’habitude que ce soit un peu vide pendant l’été, mais nos clients sont partis plus tôt que d’habitude. »

Pour le Syndicat de la librairie française, les départs en vacances prématurés et les consignes de télétravail pourraient effectivement jouer dans cette désertion. « Selon les données de l’Observatoire de la librairie, les librairies parisiennes sont "en retard" par rapport aux tendances nationales, à savoir -2% sur Paris contre +2% sur l’ensemble du territoire, explique Guillaume Husson, délégué général du syndicat, à Livres Hebdo. L’activité s’est vraiment ralentie à partir de la semaine dernière. Certaines librairies, notamment dans l’hyper centre de Paris, doivent accuser des baisses encore plus prononcées. » Comparée à celle de 2023, la semaine du 15 juillet 2024 a enregistré une évolution du chiffre d’affaires de -11%.

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