Mystère des chiffres. Dans son édition de dimanche 13 février, le New York Times publiera pour la première fois sa liste des « Meilleures ventes » entièrement remaniée (voir actualité du 11 février ). Les meilleures ventes continueront sans surprise à se partager entre fiction et non-fiction, adultes et jeunesse, mais désormais le NYT comptabilisera, pour chaque catégorie adultes, la liste des meilleures ventes papier et la liste des meilleures ventes en e-books. Surtout, grande nouveauté, le NYT publiera une liste combinée qui inclura tous les types de supports adultes : imprimés hard-cover, imprimés mass-market et e-books (l’équivalent de notre « Top 20 à LH , la bédé et les livres pour enfants en moins, les e-books en plus). C’est cette « combined list » qui promet d’attirer tous les commentaires. Les responsables du NYT ont en effet déjà prévenu qu’elle risquait de bousculer quelque peu les hiérarchies seigneuriales habituelles. La « combined list » verra ainsi monter des livres de type « Harlequin ». Et certains ouvrages, bien placés en ventes papiers, dégringoleront dans le palmarès pour cause de mauvaises ventes en e-books, alors que d’autres, au contraire, verront leur rang propulsé vers les hauteurs pour cause d’excellentes ventes numériques. On devrait ainsi assez rapidement mieux cerner les basculements à l’œuvre, entre marché numérique et bon vieux marché papier. Mais ce ne sera évidemment qu’un début. Dans le Huffington Post du 6 février, on pouvait lire que si la romancière Joyce Carol Oates reste attachée au livre papier, elle a pris l’habitude, en voyage, de lire livres et journaux sur iPad… Mystère des mystères. « Je vais dévoiler tous les mystères », promettait Rimbaud, dans Une saison en enfer . Mais certains de ceux qui l’entourent restent bien gardés. Sur le site de l’ Express , Jean-Jacques Lefrère, le biographe incontesté du poète, martèle une nouvelle fois les raisons qui lui permettent d’affirmer que c’est bien Arthur Rimbaud qui figure sur la « photo d’Aden », miraculeusement exhumée l’an dernier par deux libraires d’ancien. Et il n’y va pas de main morte, assurant « que la polémique tourne à vide depuis des mois, aucun de ceux qui refusent la présence de Rimbaud sur cette photo ne pouvant lutter contre les arguments qu’on va présenter ». Le hic, c’est que les arguments en question, certes d’apparence très convaincante, contribuent surtout à identifier… les autres personnages présents sur la photo. Rien, à ce jour, ne permet d’établir avec certitude que l’homme assis, moustachu, au beau regard un peu nostalgique, est bien Arthur Rimbaud. Et à ce point d’incertitude, le ministère de la Culture a eu raison de ne pas donner un coup de pouce sonnant et trébuchant au musée Rimbaud de Charleville-Mézières qui souhaitait acquérir le cliché, vendu depuis à prix d’or à un collectionneur privé. Du reste, Jean-Jacques Lefrère, à la fin de sa longue démonstration, ajoute quand même que si, « par extraordinaire, l'on me présentait demain une photographie du personnage en question portant une autre identité que Rimbaud, je reconnaîtrais mon erreur, et le ferais savoir aussitôt. » C’est du reste sa stratégie continue depuis le début de l’affaire : une façon de botter en touche, qui contredit fatalement ses affirmations catégoriques d’entrée de jeu. Pour ma part, j’aimerais évidemment croire qu’il s’agit bel et bien de Rimbaud, mais tant que je n’aurai pas eu sous les yeux la preuve irréfutable de son identité, je continuerai à trouver la mariée un peu trop belle. Mystères du calendrier. Le même jour où l’on pouvait lire dans le Monde le faire-part de décès d’Edouard Glissant, on découvrait, dans la même colonne, qu’un sieur de La Rochefoucauld et qu’un certain Jacques London avaient également passé l’arme à gauche. Du coup, c’était un peu toute la rubrique « nécrologique » du journal qui prenait des allures de rayonnage de bibliothèque.