L’exposition "Chrétiens d’Orient, 2 000 ans d’histoire", qui se tiendra à l’Institut du monde arabe (Ima) du 26 septembre 2017 au 14 janvier 2018, s’annonce déjà comme l’un des événements majeurs de la saison, et pas uniquement pour des raisons artistiques. Coptes massacrés en Egypte, catholiques de Syrie et d’Irak assassinés par l’EI, chrétiens du Pakistan et d’Afghanistan persécutés par les islamistes, comme le rappelle Vincent Gelot, il s’agit bien d’un "monde menacé", à qui l’Occident, comme à son habitude, a apporté un soutien tardif, timide et surtout verbal. On oublie trop souvent que le christianisme est né en Orient, et que c’est de là que viennent les racines de notre civilisation. On peut penser que cette exposition va susciter un regain d’intérêt et de prise de conscience, et plusieurs livres qui paraissent pour l’occasion devraient y contribuer.
L’album de Vincent Gelot, 29 ans, qui se présente comme un carnet de voyage très illustré, du pèlerinage fraternel qu’il a effectué, en solitaire et en 4L, de septembre 2012 à mai 2014, du Liban à Jérusalem, vaste boucle à la rencontre des chrétiens d’Orient, partout où ils vivent ou survivent encore. Au Moyen-Orient, mais aussi dans l’ex-URSS, Géorgie, Arménie, ou au cœur de l’Asie centrale, Ouzbékistan, Kazakhstan, Tadjikistan, et même au Yémen, en pleine guerre civile. En Syrie, il n’a pu s’y rendre. Aujourd’hui basé au Liban, il est responsable, pour l’association française L’Œuvre d’Orient, des programmes pour les réfugiés au Moyen-Orient. Tâche urgente et engagement total, fondé sur une foi et sur une évidence. Durant son périple, Vincent Gelot a rassemblé des témoignages écrits des chrétiens qu’il a croisés au fil de sa route, parfois clandestinement. Il en a fait un ouvrage unique, le "Livre d’Orient", fabriqué par les bénédictines de l’abbaye de Maumont, et qui sera exposé à l’Ima.
Pour connaître les croyances des chrétiens d’Orient, savoir en quoi elles diffèrent entre elles et d’avec celles du christianisme occidental, ainsi que pour découvrir, dans cette vaste partie du monde, les principaux édifices religieux, objets de culte, un patrimoine souvent menacé lui aussi, le livre de Tania Velmans est un outil précieux. Erudit certes, puisque l’auteure, historienne de l’art, est une spécialiste du monde byzantin et transcaucasien, mais clair, et illustré. Sur la Géorgie, l’Arménie ou l’Ethiopie, par exemple.
L’un a choisi le lyrisme, l’autre l’étude, mais Vincent Gelot et Tania Velmans poursuivent le même but : faire mieux connaître les chrétiens d’Orient et leurs cultures, parler d’eux, pas uniquement lorsqu’ils sont victimes d’une nouvelle agression. J.-C. P.