Après
le retrait de ses livres dans les librairies chinoises, l'écrivain japonais Haruki Murakami est sorti de sa traditionnelle réserve pour écrire une tribune dimanche dernier dans le quotidien
Asahi Shimbun, traduite par
The Japan Times.
L'auteur, qui a longtemps vécu en Europe et aux Etats-Unis, préfère prendre de la distance avec les nationalismes japonais et chinois qui s'affrontent à propos d'un différent territorial autour des îles de Sentaku (ou Diaoyu).
"
Quand un enjeu territorial cesse d'être discuté en termes pratiques et entre dans le champ des 'émotions nationales', cela créée une situation dangereuse et sans issue" explique-t-il.
"C'est comme de l'alcool bon marché, cela vous saoule en quelques verres et vous rend hystérique. Vous parlez fort et devenez brutal. Mais de votre déchaînement alcoolisé, rien ne vous reste le lendemain matin qu'une affreuse gueule de bois."
L'auteur d'
1Q84, dont les deux premiers tomes viennent de paraître en format poche en France, en appelle à ses concitoyens :
"Nous devons être prudents face aux politiciens et aux polémistes qui nous abreuvent de cet alcool bon marché et laissent la situation devenir incontrôlable." Il ajoute que "
L'un des buts principaux des échanges culturels est de parvenir à une compréhension : nous sommes tous des êtres humains qui partagent des émotions et des inspirations, même si nous parlons des langues différentes ."
Murakami, réputé antinationaliste, demande à ses compatriotes de ne pas censurer à leur tour les livres chinois.
"Voilà ce que je veux dire haut et fort : je vous en prie, ne contre-attaquez pas face à de telles mesures. Si nous le faisons, cela deviendra notre problème, qui se retournera contre nous à terme."