François Hollande et Manuel Valls s'invitent dans le procès contre La frondeuse

Valérie Trierweiler © Olivier Dion / LH

François Hollande et Manuel Valls s'invitent dans le procès contre La frondeuse

Le président de la République et le ministre de l'Intérieur ont adressé des courriers au TGI de Paris, qui juge, ce lundi 10 décembre, les auteurs et l'éditeur pour «diffamation et atteinte à la vie privée» de Valérie Trierweiler.

Par Catherine Andreucci
avec ca, avec afp Créé le 15.04.2015 à 19h12

François Hollande a adressé un courrier au tribunal pour soutenir sa compagne, Valérie Trierweiler, dans son procès contre les auteurs de la biographie La Frondeuse (éditions du Moment), une violation de la séparation des pouvoirs selon la défense.

Le chef de l'Etat et le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, ont chacun écrit une lettre au tribunal de grande instance de Paris. Sollicités par l'AFP, l'Elysée et l'Intérieur n'avaient pas réagi à la mi-journée.

Dans une lettre manuscrite sans en-tête, M. Hollande dénonce «comme pure affabulation les passages du livre La Frondeuse (p. 46 et 47) concernant une prétendue lettre jamais écrite». «L'invention ne peut être un procédé dans un essai politique sauf à être présenté comme un roman», ajoute-t-il.

Dans ce passage, les auteurs affirment que M. Hollande a sollicité dans un courrier Patrick Devedjian pour qu'il lui organise une rencontre avec le Premier ministre de l'époque Edouard Balladur.

«La séparation des pouvoirs a été violée. Le président de la République est garant de l'indépendance de la magistrature. C'est absolument incroyable!», a commenté l'avocat des auteurs de La Frondeuse, Me Olivier Pardo, avant l'audience.

«L'audience va se retourner contre Valérie Trierweiler et contre François Hollande qui avait dit qu'il n'interviendrait jamais dans les affaires de justice», a-t-il poursuivi.

Manuel Valls, dans une lettre à en-tête de l'Intérieur, «confirme» de son côté avoir reçu en juin l'un des auteurs, Christophe Jakubyszyn, dans le cadre de la biographie, «qui devait selon l'auteur être favorable» à Valérie Trierweiler. «Les propos qui me sont prêtés, dans ce livre, sont souvent approximatifs, partiels et sortis de leur contexte», affirme le ministre, ajoutant que certains propos cités lui «sont attribués alors même qu'(il) ne les (a) pas tenus».

Le ministre évoque notamment la page de l'ouvrage sur le tweet de soutien de Valérie Trierweiler à l'opposant politique de Ségolène Royal et dans laquelle il est cité s'interrogeant sur les répercussions éventuelles de cet épisode sur le couple présidentiel.

Au début de l'audience, l'avocat des deux auteurs a évoqué sa surprise: «Nous venions tranquillement plaider des nullités techniques quand hier à 13h nous avons reçu deux nouvelles pièces et pas des moindres», évoquant les deux lettres. Citant l'affaire Clearstream, il a rappelé que François Hollande «avait alors considéré comme absolument scandaleux que le président de la République vienne interférer dans une audience judiciaire». Il s'est montré également choqué que «Valls vienne sur papier à en-tête apporter la contradiction à un ouvrage à la veille d'une audience». «Si on voulait impressionner votre tribunal en faisant intervenir les plus hautes autorités de l'Etat on ne s'y serait pas pris autrement», a-t-il ajouté.

L'UMP a exprimé sa «stupéfaction», estimant que ces lettres «peuvent légitimement être considérées comme un moyen de pression» sur le tribunal comme sur les journalistes «couvrant l'événement», selon son secrétaire national Bruno Beschizza. «Intervention ahurissante et choquante du chef de l'Etat et du ministre de l'Intérieur», a commenté sur twitter Eric Ciotti, député R-UMP.

Les auteurs de La Frondeuse sont jugés à Paris pour «diffamation et atteinte à la vie privée» de la compagne de François Hollande. Le fond n'y a pas été abordé et le tribunal a fixé au 28 janvier sa décision sur des questions de procédure soulevées par la défense, qui a demandé l'annulation de l'assignation des auteurs du livre.

Mme Trierweiler réclame 80 000 euros de dommages et intérêts et 5 000 euros de frais de justice aux auteurs, Christophe Jakubyszyn, chef du service politique de TF1-LCI, et Alix Bouilhaguet, grand reporter politique à France 2, et à leur éditeur Yves Derai (Editions du Moment).

L'ouvrage, qui évoque notamment une liaison passée entre Mme Trierweiler et l'UMP Patrick Devedjian, s'est selon l'éditeur vendu «autour de 20000 exemplaires».

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