Livres Hebdo : Comment un éditeur peut-il prendre parti pour un de ses auteurs contre un autre ?
Paul Otchakovsky-Laurens : Lorsqu’il y est forcé par l’un des deux. Par la publication de son texte dans La Revue littéraire, qui est une attaque gravissime et totalement injustifiée contre Marie Darrieussecq, Camille Laurens me met dans l’obligation de prendre parti, de choisir, et je choisis bien évidemment l’auteure qui est attaquée à tort. En faisant cela, Camille Laurens s’est mise ipso facto en dehors de cette communauté qu’est une maison d’édition. Je ne supporte pas que l’on diffame les auteurs de la maison. Par ailleurs, je suis le premier lecteur des écrivains que je publie. J’ai lu Tom est mort et j’ai évidemment pensé à ce qu’avait vécu Camille Laurens, à sa souffrance. Pas un seul instant l’idée de plagiat ne m’est venue à l’esprit. Je ne m’estime pas trop mal placé, tout de même, pour en juger.
LH : Vous vous fâchez avec Camille Laurens alors qu’elle vient d’être élue membre du jury du prix Femina. N’est-ce pas une erreur, ne serait-ce que pour vos autres auteurs ?
P O-L : Le fait que Camille Laurens soit membre du prix Femina ne va certainement pas me faire changer d’avis ! De toute façon, pour un éditeur, se fâcher avec un auteur, quel qu’il soit, est toujours triste. Mais la maison s’en remettra, avec ou sans prix. Je reçois de nombreux témoignages d’auteurs qui ont lu les deux textes et sont sidérés par les procédés calomnieux de Camille Laurens.
LH : Comment expliquez-vous l’attaque de Camille Laurens ?
P O-L : Elle témoigne d’une immense souffrance qui n’a pas trouvé à se résoudre. Tom est mort a choqué Camille Laurens parce qu’il a ravivé cette douleur, et sans doute aussi parce que c’est une fiction. Mais elle n’a pas à faire payer les autres pour sa souffrance.
Marie Darrieussecq : Tom est mort (POL)