Un Mou ? Kesako ? Le Mou est un genre difficile à définir. La meilleure définition qu’on pourrait en donner est un tantinet tautologique : "Un Mou est mou", ou encore : "Rien ne ressemble autant à un Mou qu’un autre Mou"… Parmi ses caractéristiques, on pourrait signaler qu’il est malléable, qu’il ne peut pas téléphoner tout seul et qu’il est incapable de porter des colliers, ça ne tient pas, ça glisse tout le temps, sauf bien entendu si le Mou accepte de garder les bras en croix ! Il y a des dizaines de sortes de Mous, le gros Mou des Alpes, le Mou moute dit "Mou à perruque", le Mou dégradé, le Mou zombie, pour n’en citer que quelques-uns. Le Mou a bien des propriétés, mais comment dire, il ne s’en sert pas toujours à bon escient… Par exemple, il possède le don de se téléporter, mais il n’arrive pas à se décider quant à sa destination ! Parmi les expressions de son visage, il faut distinguer des nuances subtiles, le Mou dubitatif, le Mou perplexe, le Mou sceptique, le Mou embarrassé. Plutôt du genre casanier, l’aventure le déstabilise facilement… Mettez-le sur un radeau sur un torrent de pleine montagne et vous verrez bien.

Avec ses créatures aussi désarmantes qu’absurdes, l’auteure-illustratrice Delphine Durand a conçu son album comme un bric-à-brac plein de vignettes légendées sur toutes sortes de Mous, mais ce bazar apparent est en fait solidement organisé autour de grands chapitres : anatomie du Mou, avoir une conversation avec un Mou, le Mou dans son habitat naturel, avoir un Mou chez soi, etc. Un florilège désopilant qui fonctionne aussi parfois comme un miroir. Gare au reflet de nos propres travers… Fabienne Jacob