10 septembre > Essai France

Comment parler d’amitié, sinon en donnant des preuves d’amitiés ? C’est donc par l’exemple qu’Antoine de Baecque aborde son sujet : douze relations complétées par douze extraits de textes où l’on retrouve Platon, Aristote ou Montaigne. Des plus connues (Marie du Deffand et Voltaire, Rousseau et Diderot) à la plus inattendue (Belle et Sébastien), ce spécialiste du XVIIIe siècle et du cinéma raconte ces Histoires d’amitiés où chacun recherche un autre qui le rassure d’être lui-même. Car il y a toujours quelque chose de vrai dans ces tendresses, au moment où elles se forment et où la réciprocité se met en place.

Pourtant l’auteur de La traversée des Alpes (Gallimard, 2014) constate qu’il n’y a pas de règles pour expliquer l’amitié. Elle peut unir des gens contraires comme ceux que tout rapproche. C’est une alchimie curieuse qui quelquefois se transforme en mépris, comme entre Truffaut et Godard. Robespierre avait de l’affection pour Camille Desmoulins, mais l’Incorruptible n’ira pas jusqu’à épargner l’échafaud à son ancien camarade de collège. Chamfort laissera Mirabeau s’engager seul dans une Révolution à laquelle il ne croyait pas. Chateaubriand adorait sa sœur qu’il laissera mourir dans le dénuement avant de lui dresser un piédestal posthume dans son grand cimetière des Mémoires d’outre-tombe. L’amitié la plus résistante est celle qui lia François Furet et Mona Ozouf, au-delà de la mort de l’historien.

Flaubert compare son amitié à un… chameau. "Une fois en mouvement, il n’y a plus moyen de l’arrêter." Pourtant son attachement à Maxime du Camp cédera à la faveur des ambitions littéraires de chacun. Car le point commun de toutes ces amitiés est qu’elles ne durent pas, sauf celle entre Belle et Sébastien. De là à en tirer des conclusions… L. L.

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