Pourquoi réserver à un public étudiant des titres dont les contenus sont aussi susceptibles d'intéresser le grand public cultivé ? L'idée n'est pas neuve : cela fait des années que des éditeurs (les Puf, La Découverte, La Documentation française, CNRS Editions, etc.) ouvrent une partie de leur production à un public non exclusivement universitaire. Il s'agit de séduire aussi bien des étudiants que rebutent les titres de facture trop classique qu'un grand public qui se laisserait séduire par une thématique ou une couverture attrayantes.
Des titres issus de « U »
La tendance séduit un nombre croissant d'acteurs. Armand Colin lance trois nouvelles collections : « Codex », « La lettre et l'idée » et « Les grands manuels ». « Le parti que nous prenons, parce que les étudiants achètent moins de livres et qu'en même temps des titres culturels peuvent intéresser un public motivé, c'est de ne plus limiter certaines thématiques à des collections purement universitaires », décrypte Martine Pierrard, responsable communication et marketing chez Dunod et Armand Colin.
Ainsi, certains titres sont sortis de la mythique mais austère collection « U » d'Armand Colin pour reparaître dans l'une des nouvelles collections. « Codex » propose des manuels pour formation en humanités autour de thématiques comme la littérature, la linguistique, la philosophie ou le théâtre. « La lettre et l'idée » se concentre pour sa part sur l'histoire des idées, de la philosophie ou des sciences humaines. Enfin, « Les grands manuels » est pour le moment dédiée à l'histoire et s'ouvre avec quatre premiers titres. « Les livres de ces nouvelles collections sont moins universitaires d'apparence, leur couverture est très visuelle. Avant, nous les aurions publiés en "U" », poursuit Martine Pierrard. La collection « U » ne disparaît pas pour autant, mais elle n'a plus que vocation à accueillir les ouvrages dont le potentiel grand public est faible.
Côté refonte, les Puf viennent de mettre en fonction la charte intérieure de « Quadrige Manuels ». Le renouvellement avait commencé en mai avec la modernisation des couvertures et de la maquette intérieure de leurs « Précis ». L'opération a démarré avec les meilleures ventes de la collection : Précis d'économie, Précis de sociologie... Les titres ont été entièrement réécrits pour l'occasion.
Une étude qualitative
Vuibert s'est appuyé sur une étude qualitative menée par l'institut Gatard en mars 2019 auprès de vingt personnes pour moderniser en août la collection « Les essentiels du Sup' », dont la création remonte à 2016. Un effort particulier a porté sur les nouvelles couvertures : « Au lieu d'un mini-sommaire, nous mettons en avant, dès le plat 1, en quoi le livre va être utile au lecteur, explique Gwénaëlle Painvin, directrice de Vuibert. Nous avons compris que c'est un élément majeur pour séduire les étudiants qui ont besoin d'être accompagnés au moment de l'acte d'achat. » Quatre titres sont concernés dans un premier temps par la nouvelle maquette. La collection accueillera aussi quelques nouveautés qui intégreront des synthèses visuelles à la fin de chaque chapitre.
Chez Dunod la collection « Sciences Sup » n'est pas refondue à proprement parler ; elle est plutôt enrichie de plusieurs nouveautés qui, dans leur présentation, ne font plus référence à l'intitulé de la collection et optent pour des couvertures visuelles et des titres décalés. Parmi ces livres on peut citer Maths - 1 350 cm3 d'exercices corrigés pour la Licence 1, paru en janvier dernier, ou Smartphonique - expériences de physique avec un smartphone.
Du côté des poches, Bréal, marque de Studyrama, revoit le concept de la collection « Thèmes & débats » qui adopte un format un peu plus grand. Les premiers titres concernés par la refonte paraissent cet automne et sont dédiés à l'histoire de l'urbanisme, au système financier ou à la dette publique. « La collection intéresse à la fois les étudiants en université et en écoles de commerce », indique Frédéric Vignaux, directeur de Studyrama.