Grand amoureux de l’écriture, et de la lecture, plume fameuse du quotidien Le Monde, Bertrand Poirot-Delpech est décédé des suites d’une longue maladie, hier, mardi 14 novembre. Il avait 77 ans.

Jacqueline Piatier, défunte fondatrice du Monde des Livres, le qualifiait de « contestataire élégant. » Né en 1929, entré au Monde en 1951, il sera le benjamin de l’Académie française en 1986, élu pour combler le fauteuil de Jacques de Lacretelle. Son discours est édité chez Gallimard, incluant la réponse d’Alain Decaux. Lui-même aura répondu à René de Obaldia, Michel Serres et Erik Orsenna. Ce dernier lui a rédigé un billet en guise d’hommage dans Le Monde daté du jeudi 16 novembre : « Quand un grand frère s’en va… »

Curieux, il avait rédigé les chroniques judiciaires, théâtrales et enfin littéraires (durant 17 ans). Passionné de la langue française, il défendait avec une certaine pointe de provocation les livres et les journaux, se moquant des technologies et du marketing. L’ironie et la tendresse étaient au cœur de son œuvre littéraire.

Esprit libre

Il avait reçu prix Interallié dès son premier roman, Le grand Dadais (Denoël, 1958). Outre des recueils de critiques et de chroniques, des essais, il avait écrit de nombreux romans : La folle de Lituanie (Grand prix du roman de l’Académie française en 1970), L’alerte, L’été 36, Monsieur le Prince (tous chez Gallimard), mais aussi Traversées (Flammarion). Ses chroniques du Monde ont été rassemblées dans Diagonales (Gallimard).

Plus sérieusement, il avait milité pour la mémoire de la Shoah, notamment en présidant l’association de la colonie d’Izieu, en suivant les procès de Barbie, Papon et Touvier ou en co-écrivant le récit d’une déportée d’Auschwitz (J’ai pas pleuré, avec Ida Grinspan, Laffont). Il s’agira de sa dernière publication, en 2002.