Si l’histoire d’Harlin Quist, retracée brillament par le graphiste Loïc Boyer, a montré la richesse de l’édition et de l’illustration pour la jeunesse, Jean Delas pour L’Ecole des loisirs, qui fête aussi ses 50 ans cette année, et Hedwige Pasquet, présidente de Gallimard Jeunesse, fondé en 1972 par Pierre Marchand et Jean-Olivier Héron, ont rappelé le contexte de l’époque "où la littérature pour la jeunesse était en pleine effervescence et tout était à créer". Une époque qui a aussi vu naître le CRILJ, dont le but est "de privilégier les actions en partenariat visant à une meilleure connaissance et à une promotion du livre pour la jeunesse".
Aider à mieux vivre
Les interventions de Sandrine Mini pour Syros et d’Alain Serres pour Rue du monde ont aussi démontré l’engagement qui a présidé à la création des deux maisons. "La "Souris noire" créée par Joseph Périgot portaut un regard critique sur la société par le biais du polar. Ce projet fou de donner à lire le monde et sa réalité aux enfants perdure aujourd’hui" a raconté Sandrine Mini. "Rue du monde est né avec cette volonté de mettre des clés critiques, des repères humanistes dans les mains des enfants pour comprendre le monde. Nous produisons de la littérature pour les enfants d’aujourd’hui qui ont reçu en pleine figure l’attentat contre Charlie" a renchéri Alain Serres. Tandis que Nicole Maymat, fondatrice d’Ipomée concluait : "Avec du recul, je me pose toujours la même question : est-ce que ce livre nous aide à mieux vivre ? A être ?".
Parallèlement, Sylvie Vassallo, directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, lors de sa présentation du numérique pour la jeunesse, a rappelé combien les nouvelles technologies changeaient le mode de production, "plus participatif et collectif", et de lecture, "plus interactive et hybride". Mais elle s'est inquiétée en posant la question : "Tous les acteurs du livre vont-ils investir sur le numérique pour que les enfants de demain retrouvent la qualité de la littérature pour la jeunesse d’aujourd’hui sur un support qu’ils auront obligatoirement ?"
"Un colloque comme celui-ci doit nous rappeler les fondamentaux” commentait une bibliothécaire dans la salle. Tandis qu’Alain Serres remportait un franc succès en distribuant son affiche illustrée du poème d’Abdellatif Laâbi, J’atteste (issu de Je rêve le monde, assis sur un vieux crocodile). Un poème qui commence par ces mots : "J’atteste qu’il n’y a d’Etre humain que Celui dont le cœur tremble d’amour pour tous ses frères en humanité."