Donc, Microsoft attaque Google pour son approche « cavalière » du respect des droits d’auteur. La nouvelle ( lire aussi sur ce site, en rubrique Numérique ) a surtout provoqué… un fantastique éclat de rire dans la communauté mondiale des internautes. Comme l’a résumé l’un d’eux, « c’est l’hôpital qui se moque de la charité ». Que Microsoft essaie de se faire passer pour un « chevalier blanc », voilà en effet qui ne manque pas de sel. Mais on peut surtout interpréter la sortie déplacée de Thomas Rubin comme une manifestation supplémentaire de la nervosité d’une entreprise naguère universellement triomphante, qui aujourd’hui perd de plus en plus la main et est désormais surtout riche d’un capital de détestation. Dans Livres Hebdo (papier) à paraître demain, on pourra lire l’entretien que j’ai réalisé avec Philippe Jannet, directeur des éditions électroniques des Echos , sur le lancement, courant avril, de la version e-paper du quotidien économique ( oui je sais, c’est de l’auto-pub, mais on n’est jamais mieux servi que par soi-même…). Si je suis convaincu que rétrospectivement l’initiative des Echos fera figure, dans quelques années, de date importante, je ne m’attends pas à un succès public. D’abord, parce que la technologie du papier électronique a encore besoin d’être perfectionnée (même si ça va très vite) ; qu’elle est encore chère, et que la viabilité d’un appareil à usage unique me paraît risquée. Philippe Jannet le déplore d’ailleurs lui-même : il aurait préféré être suivi par des confrères, pour lancer d’emblée un « kiosque » de la presse française sur e-paper. Quand bien même pourrait-on lire quotidiens et magazines sur un même reader, cela ne suffirait pas. L’heure est de plus en plus à la convergence : textes, images, son. Cf le futur iPhone d’Apple, basé justement sur une telle approche, et dont le succès commercial annoncé, s’il est avéré, signera bel et bien, dès l’été prochain (du moins aux USA), l’avènement de la convergence numérique comme mass media. Ce qui me ramène à Microsoft versus Google. Car la vraie nouvelle de la semaine, c’était moins la protestation offensée de Microsoft sur les méthodes « cavalières » de Google en matière de droits d’auteurs, que la précision des liens de plus en plus étroits que semblent lier Google et Apple. On savait déjà qu’Eric Schmidt, le PDG de Google, siège depuis septembre dernier au conseil d’administration d’Apple. Lundi, alors qu’il participait à une conférence à San Francisco, Eric Schmidt a été interpellé par un investisseur qui voulait en savoir davantage sur les rumeurs selon lesquelles Google et Apple travailleraient à concevoir ensemble un ordinateur personnel. Eric Schmidt n’a pas confirmé. Mais il n’a pas non plus démenti. L’un conçoit des appareils design, qui depuis le succès planétaire de l’iPod ont de plus en plus la faveur du public (Apple) et apporte le son (iTunes). L’autre, n’en déplaise à Thomas Rubin, possède d’immenses contenus : des images (Google Maps, Google Earth), du texte (Google Books) et les outils d’indexation qui vont avec. Microsoft fait très XXème siècle, tout à coup.