22 AOÛT - ROMAN France

Sébastien Lapaque- Photo MARC MELKI/ACTES SUD

Sébastien Lapaque est un glouton, un excessif, qui savoure la vie à bride abattue. Un être entier, homme de foi et de convictions, qu'il essaie toujours de faire partager alentour. Il y a en lui du missionnaire, du Savonarole. Outre le pays des livres, Lapaque a trouvé sur cette terre sa seconde patrie d'élection, le Brésil. Sa démesure, son histoire longue et convulsive, ses liens avec la France, son peuple sublime, sa formidable vitalité, tout, là-bas, l'enchante et l'attache. Il ne se pouvait pas que l'écrivain ne consacre un jour un grand roman à ce pays d'adoption. Un roman-fleuve, forcément. Touffu, complexe, ramifié, tumultueux, tout comme l'Amazone.

Impossible de résumer La convergence des alizés, à propos de quoi l'auteur prévient par avance : "J'avais tant de choses à donner à voir, à sentir, à aimer." Il a d'abord donné vie à de nombreux personnages. Les principaux étant Octavio et son frère Luiz, deux truands qui trafiquent un peu de tout, des devises à la drogue. Gabriela, une femme de petite vertu qui ne rêve que de quitter à jamais Rio, pour elle ne sait trop où, peut-être Pirapora, dans l'intérieur du sous-continent. Jose Luis, dit Zé, qui a laissé Bélem et son Amazonie natale pour venir rechercher dans la mégalopole une certaine Helena, qui travaille pour l'ONG contestataire Apocalypse Agora. Au cours de son enquête, il va surtout chercher à savoir si Borges a réellement prononcé à l'université de Buenos Aires, en 1978, en pleine Coupe du monde, une conférence sur l'immortalité et contre le football ! Il y a aussi Sidney Pouce-Coupé et Paulo, son seul ami, deux gamins noirs des favelas prêts à tout pour échapper à la misère. Ou encore Ricardo, l'animateur-vedette de la chaîne TV Mundo, un type sans scrupule et complètement paranoïaque...

Tous ces protagonistes, dont les trajectoires vont finir par se croiser, au Brésil, dans d'autres pays d'Amérique du Sud ou à Paris, composent la grande fresque imaginée par Sébastien Lapaque. Mais, on l'aura compris, le héros principal du roman n'est autre que le Brésil lui-même, dont l'écrivain français se fait le passeur passionné. Ce qui nous vaut quelques pages enlevées sur le football, la samba, le mode de vie carioca, ou encore la politique de l'ex-président Lula, puisque l'intrigue se situe en 2003-2004, peu après son élection. Mais aussi, plus personnelles, de belles évocations du Copacabana Palace, l'hôtel colonial tout blanc trônant en face de la plage illustre, ou de la librairie française Leonardo da Vinci.

Chez Lapaque l'inclassable, qui avait déjà traité du Brésil à propos de son maître Bernanos - en exil de 1938 à 1945 à Rio, puis à Pirapora, enfin à Barbacena, dans le Minas Gerais -, tout passe toujours par la littérature, tout fait livre et tout fait sens.

Les dernières
actualités