Crise sanitaire

[Carte] Les libraires misent sur le "click and collect"

[Carte] Les libraires misent sur le "click and collect"

Depuis quelques jours, de nombreux établissements ont décidé de mettre en place un service de "click & collect", prélude à une reprise progressive de l'activité.
 

Par Nicolas Turcev,
Créé le 29.09.2021 à 19h24

"Les librairies sont le poumon économique de la chaîne du livre". Les mots du ministre de la Culture, Franck Riester, prononcés le 16 avril sur France Inter, ne sont pas tombés dans l'oreille d'un sourd. Peu après que le ministre a confirmé que le retrait de livres faisait partie des motifs légitimes de déplacement pendant le confinement, décision validée par le ministère de l'Intérieur, les libraires se sont rués sur cette opportunité. Partout en France, ils commencent à mettre en place un service minimum de "click & collect", sans que les clients ne soient mis à l'amende, comme ce fut parfois le cas.
 
Les Parages à Paris, Agora à La Roche-sur-Yon, L'Esperluète à Chartres ou encore le réseau francilien Librest, tous ont opté pour cette solution, en attendant le déconfinement. Le principe est plus ou moins le même partout : le client passe commande par Internet ou par téléphone, choisit un créneau horaire disponible, puis se rend à la librairie pour retirer sa commande, sur le pas de la porte ou sur une table placée à l'extérieur.
 
"Dès le premier jour, nos lecteurs ont répondu présents, se réjouit Sandrine Dieupart de la librairie Livres-en-têtre, à Sallanches (Haute-Savoie), interrogée par France Bleu. Il y avait une demande forte dans cette période de pénurie de littérature. On a trouvé à notre petite échelle une solution. Les lecteurs peuvent commander soit des livres précis, ou bien ils nous demandent des conseils. Ils doivent nous dire leurs préférences, leurs derniers coup de cœur... et on échange par mail."


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Des stocks limités

Tous les établissements soulignent la nécessité de respecter les mesures d'hygiène en vigueur. "Les clients ne rentreront pas dans la librairie et les recommandations sanitaires seront appliquées", assure Renny Aupetit, directeur associé du réseau Librest, à Livres Hebdo. Certaines librairies, commme Les Parages, promettent la présence de gel hydroalcoolique et stipulent que les libraires porteront un masque. Les Temps Modernes, à Orléans, garantit un retrait "rapide et sommaire, [...] en toute distanciation sociale".
 
Les distributeurs ayant pour la plupart stoppé leur activité, les librairies ne pourront fournir que les ouvrages en stock. Sur le site de la librairie caennaise Le Brouillon de culture, les titres disponibles sont repérés grâce "au bouton vert [qui permet de] réserver", indique le libraire Laurent Layet, interrogé par l'hebdomadaire La Liberté. "Toute la chaîne du livre étant arrêtée, nous ne pouvons pas passer commande auprès des éditeurs", ajoute-t-il.
 
Une revanche sur Amazon
 
La libéralisation des services de retraits de livres intervient alors qu'Amazon vient d'annoncer la fermeture provisoire de ses entrepôts français, ce qui n'empêche pas le groupe de fournir pour certains biens ses clients français à partir de ses entrepôts européens. Cette décision fait suite à l'interdiction, prononcée par le tribunal judiciaire de Nanterre, le 14 avril, de la vente par le géant américain des produits jugés non essentiels, dans l'attente d'une amélioration des conditions de sécurité dans ses entrepôts. Les libraires, qui regrettaient que le site de commerce en ligne devienne la solution par défaut pour se procurer des livres pendant le confinement, pourraient, grâce aux retraits de commandes, damer le pion à la firme de Jeff Bezos et récupérer leur clientèle.
 
Guillaume Husson, délégué général du Syndicat de la librairie française, se montre toutefois plus sceptique : "Remettre Amazon au pas est une mesure d'équité en termes de concurrence. Mais il n'est pas certain que cette facilitation du click & collect nous apporte énormément de clients. Et puis comment les gérants vont-ils s'approvisionner en gants et en masques ? Il faut réfléchir à tous ces éléments", estime le responsable, interrogé par Les Echos. La prudence reste de mise.
 

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