Noël approche mais, avant l’arrivée du milliardaire catholique, du barbu qui tombe du ciel (ça fait penser aux kamikazes, non ?), c’est l’anniversaire de mon fils. Un réel dilemme se pose à moi : comment faire un cadeau qui sorte de l’ordinaire alors que je lui fais des cadeaux tout le temps ? N’aurais-je pas du le sevrer depuis mi-octobre ? Cette réflexion vous donne un précis état des lieux de mes pensées actuelles. Ayant fini une version de mon roman, et n’ayant plus beaucoup d’amis, je végète depuis deux jours dans un désœuvrement que j’avais rêvé et qui, maintenant advenu, me paraît nettement moins excitant. Mon emploi du temps est souvent comme un rendez-vous décevant. Je défriche quelques vieux projets, notamment un sur la Bible (ce qui me paraît être un trop gros morceau pour cette période). Et j’ai retrouvé quelques notes sur un projet de parodies. Je voulais écrire une nouvelle et la décliner « à la manière de ». Les titres seraient : « Ensemble, c’est rien », ou « L’amour dure 99 francs », etc… Mais je me sens la flemme : pour parodier les autres, il faut au moins savoir qui l’on est. Avant que Livres Hebdo ne me propose de tenir cette parodie de blog, je n’avais qu’une vague idée de ce qu’il s’agissait. En professionnel reconnu de tous, j’ai surfé sur la toile ces derniers jours pour lire d’autres blogs. Personnellement, j’ai beaucoup de mal à lire sur une page web. Alors pourquoi suis-je en train d’écrire quelque chose que je serai le dernier à lire ? Réponse : parce qu’on me l’a demandé, et que je suis un garçon gentil et obéissant. Pour finir de m’achever, j’ai lu qu’il existait, actuellement en France, un million de blogs. Il y a de quoi se sentir petit dans ce million. C’est sûrement la leçon principale qu’on peut en tirer : faire un blog, c’est comprendre ce que doit ressentir un chinois. Mais je trouve un point positif à tout ça : quand on sort un livre à la rentrée littéraire, on se retrouve au milieu de 600 livres. Alors franchement, lors de ma prochaine publication à la rentrée, je pourrai hausser les épaules en disant : « Même pas peur. Moi, Monsieur, je fais un blog au milieu d’un million de blogueurs, alors c’est pas une petite rentrée de rien du tout qui va me faire peur… oui, Monsieur » (j’aime bien m’adresser à un Monsieur imaginaire quand je tente de faire le fier). Voilà un enchaînement tout en douceur : j’ai lu la Une du Figaro Littéraire : « Que reste t-il de la rentrée littéraire ? ». Une pleine page pour nous dire que la rentrée, c’est une loterie à six vainqueurs. Ils ont exhumé un premier roman paru au Seuil, et dont personne (ou presque) n’a parlé. C’était le titre de gloire de ce roman. Comme le soldat inconnu. Il faudrait remettre un prix au livre passé le plus inaperçu de la rentrée. Ou alors, il faudrait recommencer en janvier la rentrée de septembre, comme une seconde chance pour les oubliés. Certains pourraient ainsi passer une vie littéraire à publier le même livre, un jour sans fin de l’anonymat.