15 janvier > Histoire Suisse

L’hiver, c’est le froid. L’histoire de l’hiver s’impose donc comme une histoire de la conquête du froid et de la résistance à la neige. Mais pas seulement. François Walter a fouillé la mémoire occidentale pour montrer les usages sociaux et culturels d’une saison sur laquelle on a beaucoup écrit, en expliquant avant toute chose comment on la ressentait.

François Walter- Photo DR

Professeur honoraire à l’université de Genève, ce chercheur suisse est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages sur la ville, les paysages et l’environnement, dont une histoire culturelle des Catastrophes (Seuil, 2008). Pour saisir son objet, il l’a donc piégé dans la transversalité des disciplines en commençant par l’astronomie, puis la climatologie et son redoutable Petit Age glaciaire.

Tout cela est quelquefois assez technique, joyeusement érudit, mais après les définitions scientifiques de l’hiver, on entre dans le cœur du sujet avec la manière dont le froid est vécu ou combattu par les animaux, les végétaux et les hommes qui s’en nourrissent.

François Walter rappelle combien la période est meurtrière, comme le souligne le dicton « passera-pas-l’hiver » qui n’a pas d’équivalent pour d’autres saisons. Ainsi, durant l’hiver 1709, on enregistre 100 000 décès en France ! De son côté, Emmanuel Le Roy Ladurie avait déjà montré que les émeutes de subsistance étaient consécutives au terrible hiver de 1788-1789, avec les répercussions que l’on sait…

Dans cette approche historique du phénomène, François Walter n’oublie pas les explorateurs, les accidents liés au verglas, les techniques de déneigement, le chauffage, les vêtements, la peur des loups, le « général hiver » tant redouté par les militaires, les riches qui parviennent à se chauffer, les pauvres qui meurent de froid et l’appel à la solidarité par l’abbé Pierre en 1954.

Après l’hiver cosmologique et l’hiver vécu, l’historien termine sur l’hiver réinventé, celui des sports, de la mode, des artistes et des écrivains. Alors, après ce coup de maître, François Walter songe-t-il sur le même modèle à une suite à cet « hiver, saison 1 » ? Evidemment, on pense au printemps…

Laurent Lemire

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