Difficile de faire quoi que ce soit. Et pourtant ce n’est pas le travail qui manque. Outre ce blog négligé, je sors –le 15 avril-   mon deuxième livre comme éditeur, un livre qui m’est particulièrement cher (*) . J’en boucle un autre ce dimanche à Arras avec l’auteur (accessoiriste, écrivain, bon copain, bienvenue chez les Ch’tis même s’il est berrichon) autour d’une bonne bière (mais pas de maroilles, surtout pas de maroilles !). Bref la petite entreprise se porterait au mieux si, en même temps, la maison ne subissait les pires outrages. Entre ravalement et peinture, ici c’est Beyrouth ou à Sarajevo. Maintenant, je peux le dire, je connais pire qu’un sniper ex-yougoslave ou qu’un porteur d’explosif libanais : de simples peintres ! Nos picassos de semaine nous font vivre un enfer. D’abord il y a la   poussière que supportent difficilement les ordinateurs, la télé, le téléphone, bref toute cette haute technologie   spécialement quand elle est mise en concurrence avec le travail à l’ancienne de ces artistes du pinceau et du papier de verre. Ensuite il y a, bien sûr, la peinture. Nous vivons (quand je dis « nous » cela veut dire tout le monde, jusqu’à Clémentine et Georges, les chats, avec la bouteille de White spirit à la main pour nettoyer vêtements et pelisses). Et puis il y a les tas de livres, de fauteuils, de vêtements, de bibelots qui circulent dans le plus profond désordre d’une pièce à l’autre à mesure des percées des peintres. Trouver une paire de chaussettes le matin tient de la chasse au trésor, mieux vaut sortir sans et aller en acheter. Le soir quand vous avez la table, impossible de mettre la main sur la petite cuillère ; dès lors la dégustation du yaourt à l’index me donne des cauchemars de Mme de Fontenay faisant les gros yeux. Encore faudrait-il que je dorme, car je préfère garder un œil ouvert menacé que je suis par des piles de livres poussiéreux de plus de 2 mètres de haut à 1,5 mètres du bord du lit. Il faut pourtant s’allonger car le déplacement de la première édition du Robert en six volumes et en souscription, les « beaux » livres (mieux vaudrait dire les livres « lourds »)   et les milliers de romans m’ont titillé les lombaires. Ils ont rappelé à mes muscles que sans faire de gonflette ces organes doivent être utilisés de temps à autre. Bref voilà qu’à cause de ces f… peintres, je me suis mis à l’exercice moi qui avais fait du secret de la réussite de Churchill ma devise : No sport, no sport ! Bon, un dimanche à passer les tranches de livres à l’aspirateur –25 ans de poussière garantis pour les plus vieux- n’a pas que des conséquences vertébrales et musculaires. C’est l’occasion de retrouver des livres introuvables autant qu’inoubliables. J’aurai donné tout l’or du monde pour remettre la main sur ces deux petits livres que je tiens parmi les plus grands : L’établi de Robert Linhardt (Minuit, 1978) et Malgré tout, contes à mi-voix des prisons argentines (je préfère son titre en espagnol  : A pesar de todo , Maspéro, 1980) de Miguel Benassayag. Ils ont glissé entre deux livres pavés de mauvaises intentions. Comme un clin d’œil de mai 68 à notre triste époque ! Non que ces livres soient à se rouler par terre, le premier d’un sociologue maoïste « établi » dans une usine automobile, le second d’un gauchiste argentin racontant quelques scènes dans les prisons argentines en plein débat sur le boycott du Mondial de foot, mais ils sont pleins de jeunesse, d’intelligence, d’espoir. De vérité aussi. Et puis il y a les livres qu’on découvre, qu’on ignorait. Car, en se mariant, ma femme et moi avons fait bibliothèque commune et je découvre que depuis plus de trente ans j’avais des livres de Carver dont je rêvais. Bien d’autres découvertes mais cela prendrait trop de temps et il me reste à les ranger dans les rayons peints de frais. En essayant de les classer, ce que nous n’avons jamais fait jusqu’alors. «  Profite-en pendant que je ne serai pas là  » m’a dit ma femme qui va à La Nouvelle-Orleans pour le 10 e anniversaire du V-Day (*). Ah ils sont bien les écrivains !  **** Revue de cloques Comme vous l’avez compris voilà un long moment que j’enjambe les pots de peintures et m’acharne sur mon ordinateur (quand il fonctionne, méfiance ne passez pas à l’Orange !) pour le lancement du livre de Moïra. Je n’ai, une fois de plus, pas eu le temps de faire ma revue de blogs. J’aurai aussi plein de choses à vous dire. Quelques-unes unes au hasard : 7 eme suicide chez PSA. Est-ce qu’un tenant du libéralisme pourrait m’expliquer en quoi ce système est indépassable ? Si le gouvernement annonce plein de réformes pour bientôt, il en a déjà fait quelques-unes unes de belles! Notamment en matière de justice. Une association a réalisé un film  détonant : « Rétention de sûreté : une peine infinie » à voir sur lautrecampagne.org Après le répulsif anti-SDF, voici qu’on nous annonce l’ultrason anti-jeunes. Ultracon, non ? comme dirait Desproges.  ______________ (*) Pas de pub’ : c’est le livre de ma femme, Moïra Sauvage, mais il est, bien sûr, formidable. Les aventures de ce fabuleux vagin (Calmann-Lévy) est le premier livre jamais consacré à   l’extraordinaire succès de la pièce d’Eve Ensler, Les monologues du vagin , qui est aujourd’hui l’oeuvre la plus jouée au monde, et du mouvement qui en est né, le V-Day dont 30.000 femmes (et hommes) vont célébrer le 10 e anniversaire à la Nouvelle-Orleans le 13 avril.
15.10 2013

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