Un monde parallèle. Bizarre, vous avez dit bizarre ? Ça ne doit pas être facile tous les jours pour Bernard Quiriny de mener simplement ce que les autres appellent une vie « normale ». Dans son univers, des étudiants rédigent des thèses sur rien, constituées de pages blanches, et leurs soutenances sont muettes ; des suicidaires ne parviennent pas à leurs fins ; un gars meurt plusieurs fois par jour, ressuscite, mais le monde qu'il retrouve est à chaque fois légèrement modifié ; un éleveur de lapins braconnier, en apparence inoffensif, supprime les promeneurs qui passent à sa portée et fait descendre la rivière à leurs corps, ornés de lampes à huile comme sur le Gange ; les appartements de trois résidences conservent la trace de leurs attributions précédentes : bordel, clinique, prison, et leurs habitants en sont les victimes... On pourrait multiplier les exemples de cette veine « fantastique soft », assez sinistre, qui nourrit nombre de ces Nouvelles nocturnes.
D'autres relèvent plus du saugrenu, comme l'histoire de cette petite ville qui se déchire à cause de ses deux confiseries rivales depuis 1876 ; ou celle de cette autre dont les habitants s'épanouissent dans l'autodénigrement permanent ; ou encore celle se déroulant en Sterpinie, pays farfelu dont les billets de banque affichent des scènes carrément porno...
Avec des récits de deux lignes − pour le plus court, qui donne son titre au recueil − à une vingtaine de pages, Bernard Quiriny fait preuve d'une imagination qui paraît sans limites. Il est à l'aise dans tous les formats et dans un genre, la nouvelle, qui, théoriquement, n'a pas la faveur des Français. Il y a des exceptions.
Nouvelles nocturnes
Rivages
Tirage: 3 500 ex.
Prix: 22 € ; 224 p.
ISBN: 9782743666187